samedi 27 février 2010

Sauvons la biodiversité ; penser globalement, agir localement !


Par Éric Darier, Ph.D., Directeur de Greenpeace au Québec en sabbatique, 25 février 2010

Imaginez que le logement que vous avez acheté perde de sa valeur année après année. Imaginez que la moitié du toit soit déjà disparu et que les experts vous disent que la bâtisse s'effondrera totalement d'ici quelques années. Vous n'avez que deux options. Si vous ne faites rien, vous perdrez votre logement et votre capital. Si vous faites les réparations d'urgence, vous pourrez au moins prolonger votre séjour dans votre logement et vous donner le temps de faire les rénovations qui s'imposent.

Remplacez maintenant le mot « logement » par celui de « diversité biologique » ou, pour faire plus court, de « biodiversité », et vous avez à peu près la même situation.

Il y a cependant une différence importante. Vous pouvez toujours abandonner votre logement pour un autre. Malheureusement, dans le cas de la biodiversité, il n'y a pas de remplacement. Nous n'avons qu'une seule planète ! C'est pour cela qu'il est préférable de préserver ce qui en reste et c'est justement le mandat de la Convention sur la diversité biologique.


Convention sur la biodiversité


La biodiversité est la chaîne complexe de la vie sur la planète. Si des maillons de cette chaîne disparaissent, c'est toute la vie qui, à terme, risque de disparaître aussi. Les humains ont besoin de la biodiversité pour pouvoir manger, respirer, boire, se maintenir en santé, survivre, etc.

Pourtant, et contrairement à la lutte aux changements climatiques, il existe déjà une Convention sur la biodiversité, adoptée dès 1992 à Rio lors du Sommet de la Terre. Cette Convention internationale a été ratifiée par 168 pays. En 2002, lors du sommet de la Terre à Johannesburg, les pays se sont mis d'accord pour « ralentir d'ici 2010 la vitesse de perte de biodiversité à un niveau global, régional et national afin de contribuer à la réduction de la pauvreté et au bénéfice de toutes les formes de vie sur la Terre ».

La Convention a aussi permis l'adoption du Protocole de biosécurité qui met en place des mesures de précaution quant aux mouvements transfrontaliers des OGM.

Sombre bilan pour la biodiversitéÀ la lecture de la 2e édition des Perspectives mondiales de la diversité biologique (PDF) publiée par le Secrétariat de la Convention sur la biodiversité, on ne peut que constater l'ampleur de l'échec. À part l'augmentation des surfaces des aires protégées, tous les autres indicateurs sont au rouge et à la baisse.En voici quelques-uns :- Déboisement : 6 millions d'hectares de forêts primaires perdues annuellement depuis 2000 (équivalent total à trois fois la surface du Québec!)- Écosystèmes côtiers et marins : le coral dur a régressé de 50 à 10 % en moyenne au cours des trois dernières décennies- Près de 35 % des mangroves ont disparu au cours des 2 dernières décennies- Les effectifs de 3000 espèces sauvages : -40 % en moyenne entre 1970 et 2000- Les effectifs des espèces d'eaux douces : -50 %- Espèces marines et terrestres : -30 %- Entre 12 % et 52 % des espèces sont menacées d'extinction.

Au rythme actuel de la destruction de la biodiversité (animaux, écosystèmes, forêts, etc.), les scientifiques prédisent la 6e extinction massive sur la terre. Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN),environ un quart des espèces vivantes de la planète pourrait disparaître d'ici 2050 sous la pression des activités humaines. Et pour empirer la situation, les changements climatiques pourraient accélérer ce processus! L'avenir de la vie sur cette planète n'est pas très rose. C'est ça la vraie crise!


Penser globalement, agir localement!


En octobre prochain, la communauté internationale aura rendez-vous à Nagoya au Japon pour la 10e conférence de la Convention sur la biodiversité. On ne peut qu'espérer que les quelque 170 pays qui se rencontreront auront plus de courage qu'à Copenhague. Le déclin de la biodiversité n'est pas un sujet scientifique controversé comme l'a été il y a encore récemment les changements climatiques. Sauver la biodiversité ou plus modestement, freiner le déclin de la biodiversité mondiale, va cependant nécessiter une forte volonté politique pour agir au niveau international. Après l'échec de Copenhague, il faut que les chefs des pays envoient un message d'espoir pour la continuation de la vie sur cette planète.

Même si la communauté internationale a un rôle essentiel pour la préservation de la biodiversité, on peut aussi agir localement chaque fois que la biodiversité proche de chez nous est menacée.

C'est pour cela que Greenpeace se bat ici, au Québec pour la préservation des dernières forêts boréales intactes, pour que les compagnies forestières adoptent des pratiques plus écologiques en optant pour la certification FSC, pour que les supermarchés comme Loblaws, Metro et IGA ne vendent plus de poissons menacés par la surpêche, pour que les dernières grandes rivières sauvages du monde comme La Romaine ne soient pas harnachées, pour que les OGM ne contaminent pas les écosystèmes, etc. Il n'y a pas que Greenpeace, mais aussi tous les gens et les autres organisations écologiques partout au Québec qui défendent becs et ongles, chaque jour, une forêt (ex. le boisé Fernand-Séguin ), un milieu humide (comme à Laval), une île (ex.île Perrot), des terres agricoles menacées par une autoroute (comme la 30), etc.

Bravo!


Vous aussi vous pouvez faire une différence maintenant en vous impliquant pour préserver la biodiversité où qu'elle soit!


Pour plus d'information sur l'état de la biodiversité mondiale, voir les présentations à la conférence de Trondheim de février 2010 (en anglais).

lundi 22 février 2010

Les médias et le discours écologiste ; une participation à la dérive


Décidément, le discours écologiste est de toutes les tribunes, trouvant son écho à la fois dans les médias électroniques, télévisés ou traditionnels (journaux, revues, etc.). Le mouvement vert n’a jamais été aussi galvanisé, littéralement propulsé par une communauté internationale mobilisée et prête à accomplir un certain virage. Cependant, difficile de se retrouver dans cette mer chaotique d’informations parfois contradictoires, de discours souvent partisans et de désinformation programmée … Ainsi, il apparaît que les médias concourent, sciemment ou non, à cette dérive du discours écologiste.

Trop souvent, la couverture des médias ne tient pas compte de la véritable nature des enjeux environnementaux, complexes et ramifiés.
Les articles ou les dossiers de presse présentent des enjeux simplifiés, une vulgarisation incomplète ou incorrecte, des propos de spécialistes cités hors contexte. Bref, les titres accrocheurs annonçant des couvertures plutôt racoleuses tendent à s’approprier l’espace médiatique au détriment des articles de fond et de la véritable vulgarisation scientifique. Un exemple patent de cette dérive du discours écologiste par l’entremise des médias ; le sacro-saint sac réutilisable, érigé en véritable symbole de la lutte écologiste, présenté comme le geste ultime qui permet de consacrer sa ferveur à Dame Nature.

Or, à force de marteler ce message à tort et à travers, jusqu’à créer un sentiment de culpabilité chez les délinquants, les médias ont tout simplement occultés les aspects fondamentaux de ce geste ; la réduction à la source des matériaux polluants et le questionnement intrinsèque de nos modes de consommation, primordial à un changement de mentalité et à la réelle sauvegarde des écosystèmes mondiaux. Résultat ; il s’opère actuellement une surconsommation de ces sacs réutilisables, trop souvent produits à l’étranger, avec des matériaux dérivés du pétrole, bref, affichant une empreinte écologique effroyable. Curieusement, aucune mention ou presque de cet échec dans l’ensemble de la sphère médiatique… Et, il y a pire, car l’effet hautement pernicieux de cette situation réside en un désengagement de la population face à un discours écologiste confus, mal rapporté ou mal documenté.

À terme, les enjeux environnementaux sont traités comme de simples faits divers. Pourtant, les médias, censés être consacrés à la diffusion, la transmission et la communication d’informations d’importance aux lecteurs et auditeurs devraient s’attarder davantage aux enjeux environnementaux, puisqu’ils sont devenus, au fil des ans, des responsabilités collectives et des préoccupations de santé publique, et non des choix individuels comme certains le prétendre.

En outre, les médias de masse amplifient la dérive en devenant des vecteurs de diffusion des publicités mensongères, des campagnes douteuses de marketing vert et du greenwashing industriel. Ce faisant, des comportements de consommation s’immiscent dans l’esprit populaire, contribuant à accentuer les dérapages. Une illustration de ce phénomène ? Des publicités ventant les mérites d’un savon à vaisselle sur des oisillons victimes d’un déversement pétrolier. Or, des quantités infimes de ce produit, à peine plus grosses qu’une pièce de 25 cents, peuvent engendrer la mort d’un oiseau (Brown, 2003), en raison des propriétés physiques de cette substance qui conduisent à l’hypothermie en réduisant l’imperméabilité du plumage (Bernier et Lévesque, 2009)et de la toxicité évidente des hydrocarbures, étant potentiellement cancérigènes et génotoxiques, dépendamment de leurs formules chimiques (Office fédéral de la santé publique de Suisse, 2008). Inutile, donc, de faire tremper un oisillon dans l’eau savonneuse… si ce n’est pour tromper l’auditoire en insinuant que ce produit est un choix environnemental ou « eco-friendly ».

Étant donné l’ampleur et la vastitude de la crise écologique actuelle, du déclin de la biodiversité mondiale, des dérèglements climatiques, de la fragmentation des écosystèmes, de l’épuisement des ressources naturelles, de la pollution des cours d’eau, de la dégradation de la qualité de l’air et de la hausse effrénée des inégalités environnementales, force est désormais de constater qu’il est de la responsabilité de chacun de veiller à être informé adéquatement quant aux problématiques environnementales, de manière à y répondre efficacement, dans le but ultime de préserver ce qui reste de notre planète bleue. Devant cette dérive du discours écologiste dans les médias populaires, il apparaît donc que ces réponses se trouvent plutôt dans les médias alternatifs, les livres ou revues scientifiques, les émissions à caractère informatif et les sources réellement crédibles, qui tentent de faire la part des choses en se basant sur de la documentation étoffée et solide. Visons donc la consommation responsable et non l’aliénation collective !


M.

Références bibliographiques ;

Bernier, I et C. Lévesque. 2009. Écologie appliquée ; notes de cours. Cégep Saint-Laurent. Ville Saint-Laurent.

Brown, R.G.B. 2003. (Page consultée le 3 mai 2009). Enjeux et thèmes : Les oiseaux et la pollution par les hydrocarbures. (En ligne).
http://www.hww.ca/hww2_F.asp?id=229#sid67

Office fédéral de la santé publique de Suisse. 2008. (Page consultée le 3 mai 2009). Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). (En ligne).
www.bag.admin.ch/themen/chemikalien/00228/05582/index.html

vendredi 19 février 2010

Une lettre ouverte d'écologistes et de militants à propos de l'environnement au Québec

Parue dans Le Soleil, ce 19 février 2010 ;


Le Québec et l'environnement après sept ans: remettons les pendules à l'heure!

Depuis Copenhague, l'ineptie mondialement reconnue du gouvernement Harper en matière d'environnement fait en sorte que le gouvernement Charest est perçu comme LE grand défenseur de l'environnement. Si Jean Charest a certes démontré que les provinces n'endossent pas la politique honteuse de Stephen Harper dans la lutte aux changements climatiques, il reste qu'après 7 ans à gouverner le Québec, son bilan environnemental, malgré certains bons coups, est beaucoup plus sombre qu'il ne le laisse entrevoir.
Voici un aperçu de la situation :

Dossier nucléaire: même si en 2003, Jean Charest avait promis qu'il ne nous engagerait plus dans le nucléaire, Hydro-Québec projette d'acquérir la centrale Pointe Lepreau au Nouveau-Brunswick. De plus, il veut construire un nouveau réacteur nucléaire sur le site de Gentilly-2 au coût officiel de 2 milliards $ (montant qui sera largement dépassé) sans aucun débat public. Nous alourdirons ainsi notre héritage dans cette source d'énergie aux déchets très polluants, dangereuse pour la santé et dont les coûts sont reconnus comme les plus élevés au monde.

Dossier des forêts: l'année 2010 a été décrétée l'année de la biodiversité par l'ONU. Or seulement 5,1% de notre forêt boréale commerciale est protégée. Malgré plusieurs améliorations présentées dans le projet de loi 57 sur l'aménagement durable des forêts, les efforts en matière de conservation des forêts intactes pour la biodiversité restent minces. 88% de nos forêts publiques productives seront réallouées à l'exploitation industrielle sans même qu'il n'y ait de marge de manoeuvre pour protéger ce qui reste de plus précieux, soit les dernières forêts n'ayant pas été encore exploitées, soit 10% de notre territoire forestier.

Dossier transport: alors qu'au Québec, entre 1998 et 2008, la population a crû de 6%, le nombre de voitures et camions légers a crû de 31%, soit 5 fois plus! La première source d'émissions de CO2 du Québec est le transport (40%) et elles ont augmenté de 36,7% entre 1990 et 2007. Pourtant, le ministère des Transports du Québec dépensera 15 milliards $ en infrastructures pour le transport individuel, contre 2 milliards $ en transport collectif, sans tenir compte des plans d'urbanisme municipaux. Trois exemples: le pont de l'autoroute 25, les reconstructions de l'autoroute Notre-Dame et de l'échangeur Turcot.

Dossier des mines: comme l'a démontré le Vérificateur général, non seulement nous avons payé plus de $600 millions entre 2002 et 2008 pour que des compagnies minières exploitent nos ressources (non-renouvelables), nous avons également hérité au fil des ans d'un lourd passif environnemental, présentement évalué à plus de 300 millions $ pour restaurer des centaines de sites abandonnés. Le Québec s'apprête à se lancer dans l'exploitation de plusieurs mégamines à ciel ouvert à «faible teneur - forts impacts», sans pourtant obliger leur restauration complète, ni restreindre leur consommation phénoménale d'eau, d'énergie et de produits chimiques. Autre enjeu crucial: le gouvernement refuse toujours d'imposer un moratoire sur les mines d'uranium, alors que le temps presse et que les impacts sur la santé et l'environnement l'exigeraient.

Les barrages contre l'efficacité énergétique: après l'Islande, c'est au Québec qu'il se consomme le plus d'électricité par habitant sur la planète. L'électricité la plus rentable est celle que nous économisons. Suite à la commission parlementaire sur l'énergie de 2005, l'Agence d'efficacité énergétique a de nouveau reçu des budgets dignes de ce nom. Or, le plan de l'agence couvrant la période de 2007 à 2010 se fait toujours attendre...

En pleine période de surplus énergétique, le gouvernement relance des projets de méga-centrales comme La Romaine et relance les projets tant décriés de petites centrales hydroélectriques dont il est déjà prévu que le coût marginal dépassera la valeur à l'exportation. Ainsi, nous allons détruire des écosystèmes de façon durable pour perdre collectivement de l'argent...après que les Américains aient statué que cette énergie n'est pas verte.

L'indépendance face au pétrole... et la dépendance au gaz naturel: le lobby du gaz naturel semble avoir pris le contrôle de ce gouvernement. Après le Suroît, la centrale de Bécancour (fermée après un an, alors que nous paierons à TCE Energy au moins $1,5 milliard sur 10 ans pour ne pas qu'elle produise d'électricité), les ports méthaniers Rabaska et Cacouna d'importation de gaz naturel ainsi que l'exploration et l'exploitation tous azimuts de gaz dans le golfe du St-Laurent et les schistes (très polluants et sans redevance pendant cinq ans), voilà maintenant que le gouvernement finance une tournée panquébécoise sur l'indépendance face au pétrole avec comme partenaire Gaz Métro, qui veut nous débarrasser du pétrole... pour le remplacer par du gaz naturel.

Dossier changements climatiques: malgré une énième augmentation annuelle des GES, Québec prétend encore qu'une réduction de 6% en 2012 par rapport à 1990 est à notre portée. Or, les objectifs de Kyoto ne sont pas de -6% pour 2012, mais bien pour une baisse de 6% en moyenne durant les cinq années incluses entre 2008 et 2012! Si les secteurs autres que le transport, comme le secteur industriel (32% des émissions), qui a réussi à baisser ses émissions de 6,2% depuis 1990, se maintiennent, le secteur des transports devra réduire les siennes de 24% ! Malgré l'application positive des normes californiennes, les objectifs de Kyoto ne seront de toute évidence pas atteints.

Autres dossiers problématiques: sept ans après l'avoir promis... le non-étiquetage des OGM et l'application de la politique nationale de l'eau; le tablettage de la révision du règlement sur la qualité de l'air; le Plan Nord; le BAPE rendu inoffensif; le développement anarchique de l'éolien; sans oublier l'amiante, qui, première cause de décès des travailleurs du Québec, mine notre crédibilité internationale; et, pour couronner le tout, le nouveau soutien aux entreprises qui veulent «profiter des occasions d'affaires dans les sables bitumineux».

Conclusion: se comparer au gouvernement canadien pour démontrer combien nous sommes verts équivaut à se comparer à l'idiot du village global pour illustrer notre génie. Notre bilan environnemental est bien moins reluisant que le gouvernement le prétend. C'est pourquoi, avec l'aide de ce commissaire à l'éthique qu'il nous promet depuis sept ans, ce gouvernement devra se distancer des lobbies miniers, forestiers, de génie-conseil, de la construction et de l'énergie pour se concentrer sur des actions réellement fidèles à l'esprit du vrai développement durable. À la veille du budget et en pleine négociation sur plusieurs des dossiers évoqués ici, ceci est essentiel pour l'avenir écologique et économique du Québec.

AUTEURS ;
Daniel Breton, Xavier Daxhelet, Vincent François, Denis L'Homme/ «Maîtres chez nous-21e siècle»,
Henri Jacob/Action Boréale Abitibi-Témiscamingue, Nicolas Mainville, Melissa Filion, Virginie Lambert-Ferry/Greenpeace, Paul Piché/Fondation Rivières, Ugo Lapointe, François Lapierre/ Coalition pour que le Québec aie meilleure mine, Sophie Thiébaut/co-fondatrice de Mobilisation Turcot, Michel Duguay, Philippe Giroul, Michel Fugère, Nicole Béland/ Mouvement Sortons le Québec du nucléaire, Yvan Croteau/ Réseau Québécois des Groupes Écologistes, Pierre Jasmin et Daniel-Jean Primeau/Artistes pour la paix, Pierre Lambert/ Mouvement Vert Mauricie, Jean-Guy Vaillancourt/sociologue, Pierre Gauthier/professeur d'urbanisme, Jean Décarie/urbaniste, Eric Notebaert/Professionnels de la Santé pour la Survie Mondiale, Jacques Levasseur/Coalition Stop au Méthanier, Pierre Véronneau/écologiste

lundi 15 février 2010

Le Climategate sous enquête et le GIEC sommé de revoir ses procédures scientifiques !!

Une enquête indépendante, portant sur l’histoire des courriels piratés par des climatosceptiques, a finalement débuté jeudi dernier, sous l’égide de l’université britannique d’East Anglia.

Rappelons que des courriels, échangés entre des climatologues de renom, notamment le directeur du CRU Phil Jones, avaient été mis à jour par des pirates informatiques. Ces derniers affirmaient que ces échanges constituaient une preuve indéniable de la manipulation des données en faveur d’un réchauffement climatique de cause anthropique.

Le vice chancelier de l’université de Glasgow, Sir Muir Russell, s’est vu confié la responsabilité de l’enquête du « climategate ». Il croit ainsi pouvoir dévoilé ses «conclusions préliminaires d'ici le printemps 2010».

Il devra lever le voile sur la manière dont les courriels se sont retrouvés sur Internet, et surtout, si les présumées tentatives «de manipulation ou de suppression de données» sont avérées.

«Notre travail est d'enquêter sur la rigueur scientifique, l'honnêteté, (et) l'esprit d'ouverture» du CRU, a-t-il déclaré.

Un site Internet sera également mis sur pied pour assurer la transparence du processus et pour permettre au public de suivre les progrès de l'enquête.



De son côté, le GIEC se voit dans l’obligation de renforcer ou de réformer ses procédures de recherche, selon plusieurs experts ayant contribué aux recherches.

Ébranlé par une suite de révélations polémistes, ayant mis à mal la crédibilité du groupe et de la cause climatique, le GIEC devrait mettre en place des mesures visant à rétablir la transparence et la confiance de la communauté internationale ; fréquence de publication beaucoup plus rapide à la création d'un instrument permettant un «débat ouvert» de type Wikipédia. Voilà ce qu’ont proposé les 5 experts, lors d’une tribune publiée dans la revue Nature et intitulée «Le GIEC, faut-il le révérer, le transformer ou le supprimer?».

Pour Mike Hulme, de l'Université d'East Anglia, au Royaume-Uni, les pratiques du GIEC sont « périmées ». Donc, autant le dissoudre en 2014, suite à la publication du prochain rapport. Le GIEC pourrait, à ce moment, être remplacé par trois entités distinctes chargées respectivement des connaissances scientifiques, des impacts régionaux et des probables réponses politiques. De même, l’entité chargée des connaissances scientifiques aurait pour mandat de divulguer de courts rapports synthèses sur l’état des connaissances.

Puis, Thomas Stocker, de l’université de Berne (Suisse) réitère l’importance, pour le GIEC, de ne pas « céder à la pression » de publier de manière effrénée, dans un contexte houleux, encouragé par les débats passionnés et émotifs.

Plusieurs autres suggestions ont été apportées par d’autres experts, toujours dans l’optique d’ajouter transparence et suivi dans les processus scientifiques du GIEC et de faciliter l’accès à l’information. Le président du GIEC, Rajendra Pachauri, a, quant à lui, rejeter toute idée de démission, affirmant plutôt la mise en place d’«un historique d'évaluations transparentes et objectives sur plus de 21 ans, établies par des dizaines de milliers de scientifiques de tous les coins de la planète».



Ne reste plus qu’à espérer que les communautés de la terre entière n’attendront pas la réforme du GIEC pour poursuivre vigoureusement leurs batailles contre les changements climatiques !




À lire également ;


François Cardinal, La science du climat désavouée, La Presse, 12 février 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/francois-cardinal/201002/12/01-949033-la-science-du-climat-desavouee.php

M.



Sources ;

Agence France-Presse, Le « climategate » sous enquête, Cyberpresse.ca, 11 février 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/201002/11/01-948718-le-climategate-sous-enquete.php

Agence France-Presse, Évolution du climat-Le GIEC est invité à se réformer pour restaurer la confiance, Le Devoir, 11 février; http://www.ledevoir.com/environnement/climat/282868/evolution-du-climat-le-giec-est-invite-a-se-reformer-pour-restaurer-la-confiance

vendredi 12 février 2010

Un nouveau court métrage sur l'exploitation pétrolière en Amazonie

Voici un nouveau court métrage mettant en lumière les conséquences environnementa-les et sociales auxquelles doivent faire face les communautés autochtones de l'Amazonie péruvienne lorsque des grandes compagnies convoitent les gisements pétroliers...

Deux chercheurs canadiens – Jena Webb (Ph.D. Université McGill) et Nicolas Mainville (M.Sc. UQAM) – étudiant les impacts de la déforestation et de la contamination dans la région depuis 2001, démontrent les effets pervers d’une contamination de la chaine alimentaire aquatique affectant les communautés dont la diète est basée sur le poisson. Ce court documentaire, réalisé par Mauricio Delfin (Realidad Visual), suit les chercheurs lors de leur dernier voyage de diffusion d’information présentée sous forme de théâtre dans les communautés.


Visionnez le film Zona Cruda (20min- Espagnol, sous-titres anglais) au
: http://vimeo.com/6812936

À visionner absolument !


M.

mardi 9 février 2010

Labrador ; Création d’un nouveau parc national


Le ministre fédéral de l'Environnement, Jim Prentice, a annoncé la création d'un immense parc national dans le Labrador, dont la superficie surpasse par deux fois celle de l'Ile-du-Prince-Edouard, le plus grand à voir le jour dans le Canada atlantique, en Ontario et au Québec. Ce territoire sera soustrait de toute exploitation industrielle, tout en permettant aux populations autochtones de vaquer à leurs activités de chasse et de pêche.

«Ce sont des monts extraordinairement beaux qui ont déjà été recouverts d'une épaisse couche de glace, et il s'agit d'un milieu naturel intact abritant d'incroyables espèces sauvages.», a déclaré M. Prentice.

S’étendant sur quelques 11 000 kilomètres carrés de forêt boréale, ce vaste territoire protégé est l’hôte de plusieurs espèces menacées, dont 2000 caribous des bois.

«Protéger une région aussi grande préservera des vastes étendues d'habitat, des habitats en rivière, des écosystèmes aquatiques, des habitats dans la toundra, de même que des parties de la forêt boréale», a fait valoir Alex MacDonald, de Nature Canada, organisme qui s’évertue depuis des années à convaincre les autorités de protéger les monts Mealy.

«Ces régions sont certainement importantes pour les caribous des bois et les carcajous, deux espèces à habitat étendu», ajoute M. MacDonald.

Une nouvelle qui a pourtant passé inaperçue, malgré son importance pour la protection de la biodiversité nordique…


M.

Pour tout savoir sur cette nouvelle ;

Source ;
Alison Auld, Création d’un nouveau parc national dans le Labrador, La Presse Canadienne, 5 février 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/201002/05/01-946947-creation-dun-nouveau-parc-national-dans-le-labrador.php

lundi 8 février 2010

Une initiative fantastique ; jumeler des agriculteurs et des épiceries pour faire pousser des légumes !

Les légumes et les fruits, en épicerie, terminent trop souvent leurs vies dans les sites d’enfouissement, faute d’avoir été achetés par des consommateurs, ou encore, en raison de la surproduction agricole.

Toutefois, certains propriétaires de supermarchés ont décidé de remédier à cette situation fâcheuse, bien avant l’arrivée des usines de traitements des déchets organiques. Ainsi, des épiciers et des agriculteurs unissent leurs forces pour recycler les fruits et légumes périmés ou trop défraîchis pour être vendus en commerce. L’idée est simple ; composter ces matières organiques pour en faire de l’engrais pour les terres agricoles !

«Nos magasins produisent beaucoup de matières organiques et c'est une avenue très intéressante pour nous», explique Anne-Hélène Lavoie, porte-parole du groupe Sobeys.

En effet, près du tiers des déchets produits par les épiceries est composé de matières organiques. Avec ce processus de compostage, les IGA participants remettent les fleurs coupées, le pain et les cartons cirés, qui peuvent ainsi être transformés, en plus des fruits et légumes périmés. Des épiceries des deux autres grandes bannières, Metro et Provigo, font de même partout au Québec.

Certains commerçants oeuvrent directement avec les agriculteurs de leur région, tandis que d’autres tirent profit d’un partenariat avec AZN2 Environnement, une firme jumelant des épiciers avec des exploitants agricoles dans le but de gérer écologiquement les déchets organiques.

Comme les légumes et les fruits doivent être dépouillés de tout emballage, élastiques, filets ou barquettes, une manutention est nécessaire pour préparer les déchets organiques à la collecte. Un surplus de travail pour les employés.

«Au départ, c'était un peu comme le recyclage: on croyait que ce serait très compliqué, mais les employés ont vite pris l'habitude», explique Normand Barbeau, directeur du supermarché IGA de Dollard-des-Ormeaux qui participe au projet AZN2 depuis deux mois et qui en est ravi.

Ainsi, des dizaines d’épiceries, à l’échelle de la province, participent actuellement à ce projet de gestion écologique des matières organiques. Ces dernières sont recueillies par deux fermes, dans la région montréalaise et dans la région de Québec.

«Actuellement, les épiciers paient pour faire enfouir leurs déchets: nous leur disons qu'ils peuvent choisir de payer un agriculteur qui va les valoriser», dit Michel Dufour, président d'AZN2 Environnement.

La firme remet ensuite une partie de ses coûts de collecte à l’agriculteur, devant par la suite transformer les matières organiques en compost. Autrement dit, en plus d’encaisser des compensations, l’agriculteur obtient un engrais, réduisant de surcroît les coûts reliés à l’achat de fertilisant industriel et chimique.

«Dans certains cas, ils n'achèteront plus jamais d'engrais chimique», estime Michel Dufour.

Une initiative complètement logique et magnifique, prouvant que le partenariat local est plein de promesse… et que quand on veut vraiment, c’est possible ! Chapeau !

M.


(Source ; Stéphanie Bérubé, Des déchets pour faire pousser nos légumes, La Presse, 2 février 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/201002/02/01-945365-des-dechets-pour-faire-pousser-nos-legumes.php)

samedi 6 février 2010

Région métropolitaine ; La collecte des matières organiques d’ici 2014 !


Ça y est ! Les résidents de la région métropolitaine de Montréal pourront désormais éviter l’enfouissement de leurs matières organiques, via un nouveau système de collecte des matières putrescibles d'ici 2014 ! C’est du moins ce que Québec et Ottawa ont conjointement annoncé en début de semaine, confirmant ainsi leur contribution au financement de projets de traitement des déchets organiques (résidus de table, gazon, feuilles mortes), totalisant près de 559 millions de dollars. Ottawa devrait verser près de 150 millions de dollars, tandis que Québec participera à la subvention des projets à la hauteur de 165 millions.

Les nouvelles installations seront dédiées au traitement des matières putrescibles en provenance de Montréal, Laval, Longueuil et la Montérégie. Une usine de traitement sera également construite à Laval, cinq à Montréal, une à Longueuil puis deux autres en Montérégie. De même, ces agglomérations pourront détourner de l’enfouissement les boues d’épuration provenant des usines de traitement des eaux. Les villes et les agglomérations contribueront donc elles aussi au financement, une somme de 245 millions de dollars.

Du biogaz, dîtes-vous ?

À Montréal, où les investissements totaliseront 215 millions de dollars, 5 usines de traitement seront construites, soit deux dédiées au compostage, un centre de prétraitement des déchets, et deux usines centrées sur la « biométhanisation » c’est-à-dire l’extraction de biogaz à partir des déchets organiques traités. Ce biogaz peut évidemment servir de carburant, tandis que le « digestat » résiduel peut être composté. Les ordures acquérront désormais une valeur ajoutée, plutôt qu’atterrir vulgairement aux sites d’enfouissement ! Présentement, des bacs bruns sont déjà à l’essai dans certains arrondissements montréalais ; Plateau-Mont-Royal, à Côte-Saint-Luc, à Westmount et à Pointe-Claire. Ils font d’ailleurs l’objet de consultations populaires, afin de peaufiner et de simplifier le processus de collecte.

Les écolos se réjouissent !

Depuis un long moment déjà, des groupes écologistes réclamaient des mesures pour détourner l’enfouissement des déchets organiques, activité génératrice de GES. En effet, l’enfouissement crée des conditions anaérobies (sans oxygène), propices à la prolifération de certaines bactéries qui fermentent les matières organiques, tout en libérant du méthane, un GES 20 fois plus puissant que le CO2.

Le directeur du Front commun québécois pour la gestion écologique des déchets se réjouit d’ailleurs que le traitement des déchets montréalais soit effectué dans la métropole même, plutôt que d’être expédiés dans les villes avoisinantes.

«Le problème à Montréal, avec les matières organiques, c'est qu'on ne les voyait pas parce qu'on les exportait en région, a-t-il résumé. On démontre qu'à Montréal, on a l'intention de se prendre en main

À écouter également ;

Christiane Charette s'entretient avec Line Beauchamp, ministre de l'Environnement du Québec, à propos de ses dossiers et des propos de Jim Prentice, son homologue fédéral ; http://www.radio-canada.ca/emissions/christiane_charette/2009-2010/chronique.asp?idChronique=103033

M.

Source; Martin Croteau, Un bac de compostage à la maison d'ici 2014 dans le Grand Montréal, La Presse, 2 février 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/201002/02/01-945354-un-bac-de-compostage-a-la-maison-dici-2014-dans-le-grand-montreal.php

jeudi 4 février 2010

Une coalition demande à Québec de se tenir debout face au lobby minier

Voici le communiqué de la Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine ! :

Communiqué - Pour diffusion immédiate

De l’uranium sur la Côte-Nord aux mégamines à ciel ouvert de l’Abitibi-Témiscamingue

Une coalition demande à Québec de se tenir debout face au lobby minier

MONTRÉAL, 18 janvier 2010– Réunis aujourd’hui à Montréal, les membres de la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine! demandent au gouvernement de se tenir debout face au lobby minier et de se doter d’une politique minière digne de ce nom. Alors que les coffres de l’État sont vides, que le prix de l’or bat des records et que l’industrie minière connaît un autre « boom » de forte croissance qui laisse entrevoir des profits faramineux, le Québec est toujours dépourvu d’une politique minière viable, devant assurer la protection des citoyens et de l’environnement, ainsi que de rapporter à l’État et aux régions des redevances dignes de ce nom. « L’actuel projet de modification de la Loi sur les mines ne changera pratiquement rien à cette situation inacceptable! » dénonce Christian Simard de Nature Québec, qui demande au ministre Simard de tenir une commission publique, la plus large possible, sur cette question. La coalition demande également au ministre d’être « ouvert » et de refaire ses devoirs pour aboutir à une véritable réforme.

Demande de moratoire sur l'uranium non entendue

Face aux risques de contamination radioactive à long terme, près de 90 % de la population de Sept-Iles demande un moratoire sur l'exploration et l'exploitation de mines d'uranium (Sondage Léger Marketing, décembre 2009). Le ministre demeure sourd à cette demande, préférant donner raison à l'industrie, qui minimise et limite son analyse des risques. Pourtant, deux autres ministres canadiens ont déjà résisté au lobby minier et ont imposé des moratoires sur leurs territoires: la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse.

Pour Dr Isabelle Gingras, l’une des porte-paroles des médecins de Sept-Iles : « Il importe de faire des choix quant aux minerais que le Québec entend extraire de son sous-sol. Ce choix doit se baser sur nos valeurs communes qui privilégient la protection de la santé et de l’environnement à l’exploitation à tout prix de tout ce que renferme notre sous-sol. Nous ne lâcherons pas tant que Québec n’aura pas entendu raison » avertit-elle.

« Bar ouvert » pour les mégamines à ciel ouvert


Il n’y a rien dans le projet de loi du ministre Simard pour mieux encadrer, voire restreindre, l’exploitation des mégamines à ciel ouvert, tout en encourageant d’autres types d’exploitation minière moins dommageables. Rien non plus pour obliger le remblaiement et la restauration complète de ces fosses une fois l’exploitation terminée. Les cas de la fosse Sigma à Val d’Or et de la future fosse d’Osisko à Malartic, toutes les deux en milieu urbain, sont des exemples notoires de ce grave problème.

Selon Henri Jacob de l’Action Boréale: « C’est un véritable bar ouvert pour les mégatrous à ciel ouvert! Au moins quatre mégatrous sont présentement envisagés en Abitibi. Plusieurs autres pourraient suivre au cours de la prochaine décennie. De nombreux organismes régionaux exigent un débat public sur ce type d'exploitation dont les conséquences sur le territoire et l'environnement sont d'une ampleur encore mal évaluée et marqueront à jamais le paysage de la région et du Québec. Encore là, le gouvernement et la Conférence régionale des élus demeurent sourds! »

Sites miniers abandonnés


Dans la version actuelle du projet de loi, les Québécois devront continuer à payer, seuls, près de 300 millions $ de dettes environnementales, soit le coût pour restaurer les 345 sites miniers abandonnés à travers le Québec. Le gouvernement et l’industrie demeurent muets concernant la recommandation de la coalition de créer un fonds de restauration pour régler ce lourd passif environnemental, financé par une redevance spéciale de 0,5 % sur la valeur brute produite de l’industrie minière pour les 15 prochaines années.

Droits des citoyens non considérés


Le projet de loi ne prévoit pas, dans la majorité des cas, une évaluation environnementale complète pour les nouvelles mines, incluant la possibilité d’audiences publiques par le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE). Il prévoit plutôt des consultations encadrées par l'industrie ellemême. « Ça soulève de sérieux problèmes d’objectivité, de transparence et d’équité », dénonce Ugo Lapointe, l’un des porte-paroles de la coalition.

Rien non plus pour corriger la situation vécue récemment par des dizaines de citoyens et de familles à Malartic qui se sont vus forcés de vendre ou de déménager leurs maisons avant même que l’évaluation environnementale et les audiences publiques du BAPE n’aient été complétées. Autrement dit, plus d’un an avant que le projet minier n’obtienne les autorisations gouvernementales! L’expérience de Malartic soulève, de l’avis même de la commission du BAPE chargée d’étudier ce projet, « des questions sur le plan éthique et humain ».

Me Nicole Kirouac, personne-ressource au Comité de vigilance de Malartic, rappelle que « La commission du BAPE a pourtant recommandé aux autorités publiques de mettre en place des mécanismes d’encadrement pour éviter ce type de situation à l’avenir et pour s’assurer que les droits de la population soient adéquatement protégés. Malgré ces recommandations, le gouvernement ne semble pas vouloir bouger, ce qui choque profondément les nombreuses familles qui ont souffert d’inéquité et d’injustice à Malartic. Au contraire et, comble d’arrogance, l’actuel projet de Loi sur les mines renforce les pouvoirs déjà excessifs des entreprises minières en leur permettant explicitement de recourir aux ententes dites de « gré à gré », sans encadrement précis et sans aide prévue pour les citoyens, comme cela s’est produit à Malartic, dénonce Me Kirouac. Cela constitue un grave recul! Le Comité de vigilance de Malartic ne baissera pas les bras sur cette question.»
Pour information :

• Christian Simard (Nature Québec), 418.931.1131, christian.simard@naturequebec.org
• Henri Jacob (ABAT), 819.738.5261, info@actionboreale.org
• Dr. Isabelle Gingras (médecins de Sept-Îles), 418 965-6814, isabelle.gingras_radon@yahoo.ca
• Ugo Lapointe (FISE), 514.708.0134, ulapointe_quebecmeilleuremine@yahoo.com

M.

mercredi 3 février 2010

Québec ; les GES toujours en hausse…

La nouvelle est presque passée inaperçue ; les GES ont affiché une hausse de 3,7% de 2006 à 2007 au Québec, soit une augmentation de 5,6% par rapport au seuil de 1990. Le gouvernement Charest s’est bien gardé de sonner tambours et trompettes pour faire cette annonce, lundi en fin de journée…

La ministre de l’Environnement, Line Beauchamp, qualifie cette hausse de « regrettable », mais affirme néanmoins « qu’il n'y a pas lieu d'être alarmiste ». Selon cette dernière, la hausse des GES serait attribuable à la mise en marche de la Centrale thermique de Bécancour, en raison de la rigueur climatique à l’hiver 2007.

«Il faut aussi noter que tous les programmes sont entrés en vigueur en 2008. Les effets positifs des actions devraient donc se faire sentir à partir de 2008 et au cours des années subséquentes», a également indiqué la ministre.

Le secteur des transports a lui aussi contribué massivement à la hausse des GES québécois, gonflant les émissions de 2,1 mégatonnes en 2007. D’ailleurs, Équiterre et l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) précisent que les émissions de GES de ce secteur industriel ont grimpé de 29,3% entre 1990 et 2007.

Selon le président de l’AQLPA, André Bélisle, le Québec ne rencontrera vraisemblablement pas les objectifs de Kyoto fixés pour la période de 2008-2012, soit une réduction des GES de 6 % sous leur niveau de 1990.

«Malheureusement, au rythme actuel, il semble que ce ne sera qu'en 2012 qu'on pourra atteindre l'objectif global fixé pour 2008-2012. Le Québec doit donc redoubler d'ardeur pour assurer l'atteinte de son nouvel objectif, annoncé en décembre dernier pour 2020, soit 20% de moins qu'en 1990»,
rappelle M. Bélisle.

Il faut donc rester aux aguets, surveiller les réelles avancées du gouvernement Charest en matière de lutte aux GES, question de transformer les belles promesses électorales en projets concrets et novateurs, pour ne pas se faire passer un autre échangeur Turcot…

M.

Source;

François Cardinal, Les gaz à effet de serre en hausse au Québec, La Presse, 3 février 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/201002/03/01-945748-les-gaz-a-effet-de-serre-en-hausse-au-quebec.php

mardi 2 février 2010

GES; Le Canada affiche ses couleurs… gris, comme dans pollution atmosphérique et changements climatiques !


Le ministre fédéral de l’Environnement, Jim Prentice, a finalement dévoilé les maigres objectifs du gouvernement conservateur en matière de lutte aux changements climatiques, ce samedi. Aucune surprise, donc, puisque les cibles n’ont pas été revues à la hausse, mais plutôt à la baisse ; des cibles identiques à celles préconisées par les États-Unis, soit une diminution de 17 % des émissions de GES selon les niveaux de 2005, d’ici 10 ans. Cette annonce a littéralement soulevé lyre des partis d’opposition et des groupes écologistes qui affirment que ces cibles sont encore moins contraignantes que celles présentées à la conférence de l’ONU sur le climat à Copenhague.

Il faut d’ailleurs faire une mise au point. La nouvelle cible canadienne ne respecte pas l’année de référence adoptée par l’ONU, soit 1990. Ainsi, reportée à l’année de référence, la cible annoncée correspondrait plutôt à une augmentation de 2,5 pour cent des émissions, d'ici 2020, au-dessus du niveau de 1990, selon Greenpeace et Équiterre.

Quoiqu’il en soit, les groupes écologistes, et la population canadienne sensible aux questions climatiques, doutent fortement que le gouvernement conservateur puisse respecter ses propres cibles, aussi minables soit-elles.

«Ce dernier renie les obligations du Canada dans le cadre du Protocole de Kyoto et laisse les émissions de gaz à effet de serre canadiennes augmenter alors qu'il s'est engagé à les réduire», font remarquer les responsables de Greenpeace.

«Si on avait besoin d'une preuve supplémentaire que le gouvernement conservateur se fiche des changements climatiques, on vient de l'avoir!» a renchérit Steven Guilbeault, porte-parole d'Équiterre.

Autre point inquiétant ; le gouvernement canadien ne dispose d’aucun plan d’action concret pour la rencontre de ces objectifs climatiques, contrairement à son homologue américain.

«Au Canada, nous n'avons toujours pas de plan pour les changements climatiques, a déclaré M. McGuinty, député fédéral d'Ottawa-Sud et porte-parole libéral en matière d'environnement et d'énergie, en entrevue à La Presse Canadienne, samedi. Il n'y a pas vraiment d'annonce ici. Depuis presque quatre ans, trois ministres de l'Environnement nous disent la même chose

Pour sa part, M. Prentice martèle que le Canada respectera ses engagements si les autres pays industrialisés ou émergents font de même.

«Nous savons qu'il nous est possible d'atteindre notre objectif, nous sommes prêts à le respecter et les autres pays devront faire de même», a renchéri le ministre de l'Environnement.

Pas question, donc, d’être avant-gardistes et leaders en matière de lutte aux changements climatiques et d’afficher une économie verte. Quelle cécité désasteuse chez les conservateurs canadiens !

Sources ;
Bill Graveland, Accord de Copenhague: le Canada dévoile ses objectifs, La Presse canadienne, 30 janvier 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/201001/30/01-944777-accord-de-copenhague-le-canada-devoile-ses-objectifs.php

Catherine Handfied, Copenhague: Ottawa abaisse sa cible, La Presse, 1 Février 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/201002/01/01-944980-copenhague-ottawa-abaisse-sa-cible.php

L'entretien de Pierre Maisonneuve avec Steven Guilbeault ; Guilbeault Gaz à effet de serre: Ottawa s'aligne sur Washington ;http://www.radio-canada.ca/emissions/maisonneuve_en_direct/2009-2010/



La Politique québécoise sur les émissions polluantes des véhicules est taxée de « sottise »par Jim Prentice !

C’est à Calgary que Jim Prentice, ministre fédéral de l’Environnement, a vertement critiqué la nouvelle politique québécoise, visant à réduire les émissions polluantes des véhicules. Ainsi, le ministre a littéralement taxé la stratégie environnementale du Québec de contre-productive, affirmant qu’elle affaiblira la compétitivité du Canada en Amérique du Nord. Il dénonce également l’attitude du Québec, qui ferait bande à part, forçant les consommateurs à aller se procurer des automobiles outre frontières.

La ministre québécoise de l’Environnement, Line Beauchamp, rétorque aux critiques de son homologue et détracteur en précisant que le Québec ne fait pas bande à part, puisque les états limitrophes de la province (New-York, Maine, etc.) imposeront aussi des normes sévères en matière de pollution automobile. Elle réitère également que le Canada lui-même promis des normes d’émissions plus rigoureuses dès l’an prochain.

« Le Québec n'agit pas seul. Le Québec agit en même temps que 15 autres États aux États-Unis, dont les États voisins du Québec: New York, le Vermont, le Maine. En fait, tous ces États, en Amérique du Nord, représentent 40 % du marché de la vente d'automobiles. Donc on n'agit pas seul, mais c'est vrai que nous, on passe à l'action », a expliqué Line Beauchamp.

Curieux comme cette rebuffade du fédéral a des airs de vengeance face à la critique publique de Jean Charest à l’endroit de Stephen Harper, concernant la lutte aux changements climatiques … Susceptibles, les conservateurs ?


Sources ;

Agence France-Presse, Line Beauchamp réplique aux critiques de Prentice, CyberPresse, 2 février 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/201002/02/01-945453-line-beauchamp-replique-aux-critiques-de-prentice.php

Radio-Canada, Véhicules écoénergétiques ; Ottawa tamponne Québec, radio-canada.ca, 2 février 2010 ; http://www.radio-canada.ca/nouvelles/environnement/2010/02/02/001-prentice_auto_quebec.shtml

Le résumé de Daniel L’Heureux, Bisbille Ottawa-Québec ; http://www.radio-canada.ca/nouvelles/environnement/2010/02/02/001-prentice_auto_quebec.shtml


M.

lundi 1 février 2010

Le Canada… un cancre climatique… et environnemental !

L’Université Yale a publié, récemment, son palmarès environnemental intitulé Environmental Performance Index (EPI). Le Canada autrefois classé huitième avec une note de 86,6 sur 100, a littéralement entamé une descente aux enfers, dégringolant au 46e cette année, tout juste derrière le Mexique, la Roumanie et la Hongrie.

Alors que le Canada peut se targuer d’avoir obtenu des notes parfaites ou presque en ce qui concerne des indicateurs sanitaires comme l'accès et la qualité de l'eau potable, la pollution de l'air dans les logements, il se voit complètement recalé en matière d’émissions de dioxyde de soufre, d'oxydes d'azote, de composés volatiles (autre que le méthane), d'ozone et de GES par habitant. La performance environnementale canadienne est également désastreuse en ce qui a trait à la conservation des écosystèmes marins et côtiers, en plus d’être fortement entachée par la production et la consommation massive de combustibles fossiles.

Les grands gagnants de ce palmarès ; l'Islande (note finale de 93,5 %), la Suisse (89,1 %), le Costa Rica (86,4 %) et la Suède (86,0 %).

Rappelons également que la piètre performance du Canada au niveau environnemental n’est pas surprenante. Pour plusieurs analystes, cette dégringolade était rapportée par plusieurs sondages et palmarès.

«Il y a d'autres classements environnementales récent où le Canada n'a pas fait bonne figure», rappelle Jean Mercier, professeur de science politique à l'Université Laval et spécialiste des politiques environnementales.

Visiblement, les politiques conservatrices font des ravages aux écosystèmes canadiens... Les conséquences ne sauront tarder.

Pour en connaître davantage sur le classement de l’université Yale: epi.yale.edu


M.

(Source ; Jean-François Cliche, Performance environnementale: le Canada plonge au 46e rang, Le Soleil, 27 janvier 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/environnement/201001/27/01-943628-performance-environnementale-le-canada-plonge-au-46e-rang.php)

mercredi 27 janvier 2010

Plan Nord ; une table des partenaires du Plan Nord pour le moins disproportionnée !


La Table des partenaires du Plan Nord, mise sur pied par le gouvernement Charest pour réfléchir aux enjeux de développement des territoires du nord québécois, souffre d’une étrange disparité au niveau de la représentation des organismes de conservation des espaces naturels et de la biodiversité. Elle se réunissait hier, malgré cette configuration discriminante.

En effet, alors que le gouvernement libéral s’était engagé, lors de sa dernière campagne électorale, à soustraire du développement industriel près de 50 % du nord de la province, les représentants des groupes écologistes, des organisations dont l’expertise est dédiée à la conservation des écosystèmes et au développement durable n’occupent que deux sièges à la Table des partenaires du Plan Nord.

«Sur 27 membres de cette Table, il n'y a que deux sièges associés à l'environnement et au développement durable. Et aucun des groupes représentés n'a de siège social au Québec!», dénonce Christian Simard, directeur de Nature Québec, organisme phare en matière de conservation et de protection des écosystèmes.

Autant dire que le gouvernement semble évacuer ses meilleurs outils d’analyse et d’encadrement du développement du nord, préférant, encore une fois, favoriser la préséance des discours du développement sur ceux de la conservation de la biodiversité.

Pour Nature Québec, l’heure est à la réelle concertation des acteurs, afin d’adapter le développement industriel aux nouvelles réalités environnementales ; changements climatiques, crise de la biodiversité, vulnérabilité accrue des écosystèmes nordiques, etc.

Nature Québec cite, à titre d’exemple, l’Ontario, où une table de concertation, regroupant des écologistes, des autochtones, des industriels et des scientifiques, a été instauré dans le but ultime de redéfinir le développement des territoires du nord ontarien avec la priorité de protéger les derniers bastions d’espaces vierges et la biodiversité nordique.

Or, le modèle québécois semble encore privilégier le développement effréné au détriment de la préservation des écosystèmes, dont nous sommes pourtant tous dépendants, et cela, en contradiction avec les prémisses du développement durable.

Et comme l’explique Christian Simard, «on se garroche plutôt dans le Nord avec nos vieux modèles du Sud». Un peu de vision, M. Charest ?

Avec cette approche, que restera-t-il du Nord ?

À lire ;

Nature Québec (Communiqué de Presse) ; La table du Plan Nord se réunit aujourd’hui ; Nature Québec déplore la sous représentation de la conservation ; http://www.naturequebec.org/ressources/fichiers/Aires_protegees/CO10-01-26_PlanNord.pdf

Louis-Gilles Francoeur ; Développement du Nord ; l’Ontario citée en exemple, Le Devoir, 27 janvier 2010 ; http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/281885/developpement-du-nord-l-ontario-citee-en-exemple

M.

Le GIEC… dans l’eau chaude !


Le Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est définitivement aux prises avec un problème d’image et de transparence. Une refonte en profondeur des procédures du GIEC est souhaitable, voire même cruciale pour la suite des choses, question de maintenir la crédibilité de cette organisation mondialement reconnue.

La semaine dernière, le GIEC a dû admettre qu’il avait commis une « erreur regrettable » quant aux prévisions erronées concernant la fonte des glaciers himalayens. Dans son dernier rapport, le groupe d’expert avait prédit la disparition ultime de ces masses de glace d’ici 2035. Or, le scénario ne s’avèrera pas dans les délais annoncés, selon toute vraisemblance, puisque cette évaluation n’a aucun fondement scientifique. Elle émanerait plutôt d’une simple citation d’un chercheur indien dans la revue New Scientist, citation par la suite niée par le protagoniste en question.

Puis, lundi, le Times londonien a asséné un second coup de masse au GIEC, alléguant que le président, Rajendra Pachauri, aurait profité des prédictions concernant la fonte des glaciers de l’Himalaya pour encaisser près de 500 000 $ en fonds de recherche pour l’institut qu’il dirige, la Energy and Resources Institute.

Le quotidien a également affirmé que le GIEC définit, sans preuves inexorables, donc sans confirmation par les pairs, un lien de causalité entre les dérèglements climatiques et le gonflement des coûts reliés aux catastrophes naturelles.

Ces nouvelles dénonciations marquent une autre crise de la transparence au GIEC, déjà fortement marqué par l’émergence massive de climatoseptiques. Les experts du GIEC interrogés à propos de cette situation concluent qu’aucun système n’est parfait et que les procédures de travail et de recherche du groupe devront être rigoureusement revues et resserrées, sans quoi la crédibilité de cet organe majeur de recherche pourrait être sévèrement entachée par ces bévues.

«Le but du GIEC est de tenter de dégager les conclusions des plus récentes études. Le corollaire est qu'on ne peut se cantonner à citer ce qui est totalement et parfaitement compris et documenté, comme les lois de Newton ou Maxwell. […] On doit parfois utiliser le "meilleur jugement éclairé", pour donner ce qui semble être probable ou consensuel, sur des points qui ne seront absolument démontrés que bien plus tard», souligne René Laprise, directeur du Centre pour l'étude et la simulation du climat à l'échelle régionale de l'UQAM et seul auteur québécois au GIEC.

Ces erreurs permettront ainsi aux experts du GIEC de peaufiner et de promouvoir des méthodes de recherche plus transparentes et reproductibles.

Quoiqu’il en soit, la responsabilité anthropique des dérèglements climatiques n’est plus à faire. «La physique du phénomène est comprise depuis plusieurs décennies et ne peut être remise en cause, fait remarquer René Laprise, sauf si on est vraiment de mauvaise foi, ou qu'on a des intérêts à nier l'évidence scientifique.»

Et, il subsiste une certitude dans toute cette histoire ; la hausse des concentrations de GES dans l’atmosphère conduira inévitablement à la fonte des glaciers himalayens. Le moment pourrait être retardé, devancé… quelle différence ? Car, après tout, la science est parfois empreinte d’incertitudes, les modèles peuvent être imparfaits et la nature est imprévisible ; les projections exactes peuvent être difficilement rencontrées à tout coup. Néanmoins, elles permettent de dégager d’importantes tendances ; les dérèglements climatiques, engendreront des impacts probablement incontrôlables, affectant drastiquement nos modes de vie et nécessitant des ajustements majeurs de la part des sociétés humaines. Inutile, donc, de spéculer sur le moment exact de ces mutations, ou encore d’achopper sur des détails temporels. Concentrons-nous sur les faits et les réalités ; vivre à nouveau en harmonie avec la terre, son climat, ses écosystèmes, ses composantes, nous sera salutaire à tous. Assurément.
En somme, les bévues GIEC ne doivent surtout pas détourner l’attention, déconstruire le momentum mondial ou occulter le débat actuel, crucial et incontournable, entourant l’adaptation des sociétés humaines aux dérèglements du climat.


Pour lire l'article ; François Cardinal, GIEC ; après les fleurs, le pot, La Presse, 26 janvier 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/climat/201001/26/01-943177-giec-apres-les-fleurs-le-pot.php



Stephen Harper parlera d'environnement à Davos

À l'occasion du Sommet économique de Davos, en Suisse, le Premier ministre du Canada souhaite aborder la question des changements climatiques, bien que le pays ne soit doté d'aucun plan contraignant à l'heure actuelle. Selon un haut responsable gouvernemental, l'environnement occupera donc une place prépondérante à l'ordre du jour canadien...
«Nous voulons une entente à long terme sur les changements climatiques», a déclaré le responsable du gouvernement canadien, faisant allusion aux prochaines rencontres sur la question.


À voir....


Source ; Pascal Lapointe, Agence Science Presse, Harper mettra l'accent sur l'environnement à Davos, 24 janvier 2010, La Presse canadienne ; http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/canada/201001/24/01-942500-harper-mettra-laccent-sur-lenvironnement-a-davos.php


M.

mardi 26 janvier 2010

Une lettre ouverte de Greenpeace portant sur la Loi sur les forêts

Loi sur les forêts: sauvons les meubles!

(À la ministre Nathalie Normandeau) - C'est dans les prochaines semaines que sera adoptée la nouvelle Loi sur l'aménagement durable des forêts, qui remplacera le régime forestier instauré en 1986 par la défunte Loi des forêts. Vingt-cinq ans de régime qui auront initialement permis la colonisation de nos régions forestières et la création d'emplois et de richesses, mais qui auront par le fait même, coûté très cher, tant à nos écosystèmes forestiers maintenant essoufflés, qu'aux communautés actuellement sur le qui-vive quant à leur avenir. En 25 ans, le gouvernement du Québec a cautionné l'exploitation de près de 10 millions d'hectares de ses forêts publiques (1986-1990: 2 millions ha, 1990-2000: 4,6millions ha, 2000-2009: environ 3 millions ha), soit plus de 3 fois la superficie de la Belgique.

La nouvelle loi présente définitivement certaines avancées, dont la mise en place d'un aménagement écosystémique et de la gestion intégrée des ressources. Or, les défis demeurent colossaux: diversification des produits forestiers, modernisation des usines, renouvellement de la main-d'oeuvre, augmentation de la compétitivité au niveau mondial, etc.

Le principal défi auquel le gouvernement de Jean Charest devra répondre est toutefois la protection des derniers massifs forestiers n'ayant jamais été exploités par l'industrie forestière. Moins de 10% de notre forêt publique commerciale est encore intacte et seulement 5% de la portion boréale est protégée à l'heure actuelle. Il est essentiel que la nouvelle loi fasse place à une stratégie de sauvegarde de nos dernières forêts intactes. Or, alors que la ministre se disait publiquement en faveur de la sauvegarde de ces forêts il y a encore quelques semaines, Nathalie Normandeau se défile au moment de l'adoption de la loi et refuse toutes propositions d'amendements formulées en ce sens par les partis d'opposition. Elle sait cependant très bien qu'une fois les volumes de bois octroyés aux exploitants, la création d'aires protégées devient virtuellement impossible.

En ce début d'Année internationale de la biodiversité, marquée par les négociations sur le climat, la communauté scientifique appelle à un changement de paradigme, les marchés se conscientisent, les consommateurs aiguisent leurs critères et les politiques publiques doivent suivre ce même cheminement inévitable. Le ministère des Ressources naturelles manquera-t-il le bateau?

Madame la ministre, épargnez-nous une autre décennie de controverse et de dérape environnemental, adoptez un régime forestier à la hauteur de la richesse de notre patrimoine naturel et collectif. Sauvez les meubles pendant qu'il est encore temps!

Melissa Filion, directrice générale intérimaire, responsable de la campagne forêt boréale, Greenpeace Québec

Nicolas Mainville, responsable de la campagne forêt boréale, Greenpeace Québec

Autres articles intéressants à propos de la gestion des forêts et de la biodiversité des écosystèmes forestiers;


M.

(Source ; Nicolas Mainville et Melissa Filion, Loi sur les forêts ; sauvons les meubles, Le Soleil, 25 janvier 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/points-de-vue/201001/22/01-942039-loi-sur-les-forets-sauvons-les-meubles.php)

dimanche 24 janvier 2010

Diminuer sa consommation de viande pour sauver le climat et la biodiversité !


Et si la sauvegarde de la biodiversité mondiale et du climat devait se traduire inéluctablement par une modification drastique de notre mode de vie, de nos valeurs ? C’est du moins la thèse, partagée par plusieurs sociologues, écologistes, économistes et autres experts, de Rajendra Pachauri, président du Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC).

La société moderne fait fausse route en axant toute sa richesse et sa réussite sur les biens matériels, sur le capitaliste parfois sauvage. Elle s’entête constamment à encourager ses membres à consommer davantage, pour rayonner bêtement au sein d’une collectivité matérialiste, abrutissante, aliénante. Cette obsession de la consommation abusive, de la surproduction dévastatrice et de la croissance à tout prix est délétère, extrêmement dangereuse. La restructuration de la société moderne est impérative. Et, selon M. Pachauri, les changements climatiques actuels seront un élément déclencheur à cette prise de conscience planétaire.

Le président du GIEC entrevoit déjà le premier effort collectif à entreprendre pour endiguer l’hémorragie climatique et biologique de notre planète ; réduire sa consommation de viande.

Le cycle de production de la viande est intensif et hautement énergivore. Des quantités pharaoniques d’eau, de médicaments et d’aliments, notamment les céréales dont la production, autrefois destinée à l’alimentation humaine, est désormais détournée en majeure partie pour nourrir les bestiaux, sont nécessaires à l’élevage intensif d’animaux. Cette industrie génère annuellement des tonnes de GES dans l’atmosphère ; dioxyde de carbone, méthane (25 fois plus dommageable que le CO2 en terme de changements climatiques) et hémioxyde d’azote (potentiel de réchauffement climatique 296 fois supérieur au dioxyde de carbone).

Ainsi, en réduisant notre consommation de viande, et nos habitudes alimentaires en général, nous diminuons directement notre empreinte écologique. En ces temps de crise de la biodiversité et du climat, cette transformation est souhaitable. Néanmoins, M. Pachauri réitère la nécessité d’éduquer les gens à ces réalités, afin que tous puissent saisir les impacts de leur consommation sur les peuples de la terre et les écosystèmes dont nous dépendons tous. Seule l’éducation populaire pourra engendrer un changement profond des mentalités.

Et, j’ajouterai simplement ; Le mauvais traitement infligé aux animaux de fermes industrielles, le dopage antibiotique et hormonal administré au bétail, les émissions de GES, la contamination de nappes phréatiques, l’épuisement des ressources, la crise alimentaire mondiale, la déforestation massive et les changements climatiques seront-ils influencer votre consommation de viande ?

M.
(Source ; Rajendra Pachauri (propos recueillis par Elena Sender), «Nous devons changer notre système de valeurs», Magazine Sciences et Avenir, Hors-série, Numéro 161, Janvier et Février 2010)

vendredi 22 janvier 2010

Salon de l’automobile ; les concessionnaires attaquent le nouveau règlement québécois sur le contrôle des émissions de gaz à effet de serre (GES)

Extrait de l’article très étoffé de Louis-Gilles Francoeur concernant la grogne qui entoure le nouveau règlement québécois sur le contrôle des émissions de gaz à effet de serre (GES) du parc automobile ;

Certains constructeurs automobiles ainsi que les concessionnaires québécois ont profité de l'ouverture du Salon de l'automobile de Montréal pour attaquer le nouveau règlement québécois sur le contrôle des émissions de gaz à effet de serre (GES) du parc automobile. Baroud d'honneur ou guerre ouverte en perspective? Pour l'heure, le gouvernement québécois n'a aucune intention de reculer.

[…]
Les arguments des concessionnaires

La Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ) a invoqué trois arguments contre le règlement québécois et une conclusion principale
: la santé financière et les profits des concessionnaires sont menacés ainsi que les 35 000 emplois directs et indirects qui en dépendent. On se serait cru jeudi devant un cataclysme financier aussi important que l'effondrement de GM et de Chrysler l'an dernier.

Trois arguments ont été invoqués. Si les constructeurs et les concessionnaires doivent abaisser les émissions «moyennes» de leurs ventes annuelles en vertu du règlement, ils devront donc éliminer les modèles les plus énergivores, ce qui incitera des consommateurs à les acheter en Ontario ou aux États-Unis. Ils ont aussi soutenu n'avoir pas été consultés par Québec et ont répété à satiété que le règlement québécois était «plus sévère» que celui de la Californie, comme l'a affirmé au Devoir le président de la CCAQ, Me Jacques Béchard.

Les faits parlent cependant d'eux-mêmes. Québec a annoncé son intention d'appliquer ici le règlement californien dans son plan de lutte contre les changements climatiques de 2006. À Bali, l'année suivante, la ministre Beauchamp annonçait l'entrée en vigueur du règlement quand celui de la Californie aurait force de loi. Et, au début de 2008, Québec a prépublié dans la Gazette officielle pour fins de consultation son projet de règlement. Les constructeurs et les concessionnaires ont officiellement déposé un mémoire en réaction au projet.

«Nous avons retenu plusieurs de leurs commentaires, mais nous n'avons pas fait droit à leur argument principal, soit qu'il n'appartient pas aux provinces de réglementer ce domaine et que des normes nationales ou continentales suffisent», expliquait hier le directeur du Bureau québécois sur les changements climatiques, Marcel Gaucher.

Ce dernier ainsi que la ministre nient que le règlement québécois soit plus sévère que celui de la Californie. Québec a même mis de côté, révèle Line Beauchamp, la façon dont Ottawa voulait calculer les émissions pour mieux coller au règlement californien. Et les deux porte-parole de l'Environnement nient sans ambiguïté que la catégorie des véhicules légers englobe au Québec les SUV, contrairement à ce que ferait la Californie.

La confusion, explique Line Beauchamp, vient sans doute du fait que l'EPA envisage effectivement certains allégements dans la version fédérale du même règlement. Mais si la Californie et ses 14 alliés, dont la plupart des États voisins du Québec en Nouvelle-Angleterre, ont accepté de donner le choix aux constructeurs d'appliquer le règlement fédéral ou le leur, c'est à la condition que les normes étasuniennes rejoignent leurs exigences. Ils se sont réservés le droit d'imposer leurs propres normes si celles de Washington sont trop laxistes. Québec suivra le dossier de près mais, d'entrée de jeu, on se dit «partenaire» des 15 États en question, qui représentent 40 % du marché de l'automobile aux États-Unis.
Reste l'argument des gens qui iraient acheter leurs gros 4x4 aux États-Unis ou en Ontario si les concessionnaires d'ici sont obligés de retirer certains modèles du marché ou d'en vendre moins pour améliorer leurs émissions «moyennes».

Marcel Gaucher explique que le phénomène sera marginal et que, s'il devait prendre de l'ampleur, il serait facile à contrôler par l'enregistrement des véhicules. Un de ces moyens pourrait bien être le système de malus-bonus que prépare l'Agence québécoise d'efficacité énergétique en consultation avec plusieurs ministères. Ce système impose une surtaxe ou une détaxe proportionnelle aux émissions des véhicules. Il pourrait même frapper plus durement par le malus ceux qui achètent de gros véhicules hors du Québec.

Mais, de toute façon, indique Marcel Gaucher, les règles californiennes ou canadiennes qui vont s'en inspirer vont s'appliquer dans les provinces et États voisins du Québec.

Lire absolument la suite ;


Louis-Gilles Francoeur, Règlement sur les normes californiennes - Québec ne fera pas machine arrière, Le Devoir, 16 janvier 2010 ; http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/281215/reglement-sur-les-normes-californiennes-quebec-ne-fera-pas-machine-arriere

M.

jeudi 21 janvier 2010

Les logos et certifications écologiques au Québec ; aucun encadrement législatif


Force est de constater que le marketing vert est à la mode, en hausse fulgurante et ahurissante, suscitant scepticisme et confusion chez les consommateurs. Les slogans et les logos maisons pullulent, sans aucune assurance de la crédibilité de ces certifications officieuses et douteuses. Deux chercheurs et professeurs à la faculté d’administration de l’Université de Sherbrooke, Fabien Durif et Caroline Boivin, se sont intéressés précisément à cette situation chaotique, dans une étude à paraître.

Leur base de données, répertoriant près de 1205 produits nettoyant répartis en 133 marques, est constituée de tous les produits nettoyants, comprenant les détergents tout usage, à lessive, les assouplisseurs et les savons à vaisselle, vendus par 32 détaillants québécois. Bien que l’analyse statistique soit encore préliminaire, les chercheurs ont dressé un portrait plutôt confus de la situation du marketing vert au Québec. (Les résultats doivent également être corroborés par des pairs.)

Des logos qui portent à confusion

Les chercheurs ont ainsi recensé près de 58 labels différents, arborant diverses images se rapportant à la nature ; feuille, fleur, animaux, etc. Pis encore, des slogans maisons, des allégations sans logo officiel, des références à des critères arbitraires font office de certification écologique dans bien des cas.

Aucun encadrement législatif


«Il y a un manque de compréhension, une confusion et une méfiance à l'égard des écolabels, a déploré M. Durif lors d'un entretien téléphonique au Soleil. [...] Il y a des pays qui limitent le nombre de labels officiels. Je ne suis pas spécialiste en droit, mais on a fait quelques recherches et il n'y a pas d'encadrement législatif ici. Une marque peut s'autodéclarer verte, peut mettre des slogans et des logos verts maison : il n'y a pas d'interdiction spécifique. Il y a une liberté totale là-dessus. »

«L'encadrement législatif, cela permettrait de distinguer les compagnies qui ont une vraie culture verte de celles qui instrumentalisent l'argument vert pour augmenter leurs ventes. À l'heure actuelle, les entreprises qui sont vraiment performantes au niveau vert n'arrivent pas vraiment à se distinguer, à le faire savoir», plaide-t-il.

Une certitude dans tout ça ?

Dans la mer de certifications bidons et de logos maisons qui submergent les tablettes des commerces, seuls quelques certifications, officielles et crédible, éclairent réellement les consommateurs soucieux de l’environnement. Les labels EcoLogo, Environmental Choice Programm et Design for the Environment figurent parmi ceux-là, ayant été créés par des agences gouvernementales et faisant l’objet de suivis et de vérifications. À rechercher, donc.

M.
Source ; Jean-François Cliche, Logos écologiques; le Far West vert, Le Soleil, 18 janvier 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/environnement/201001/17/01-940105-logos-ecologiques-le-far-west-vert.php