dimanche 17 janvier 2010

Copenhague : un échec cuisant pour la déforestation mondiale…


Finalement, la conclusion bidon des pourparlers climatiques à la conférence de Copenhague aura occulté un autre échec majeur ; l’incapacité de provoquer l’émergence d’un accord contraignant pour endiguer la déforestation planétaire.

En plus des inestimables services écologiques des écosystèmes forestiers (purification de l’air, de l’eau, production de nutriments, etc.) et de leur incroyable biodiversité, les forêts participent au cycle complexe du carbone. Ainsi, la déforestation concoure à la remise en circulation et à l’émission de près de 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).

Or, la déforestation est également une activité vitale pour la survie de centaines de milliers de personnes, brûlant les arbres pour la production de charbon, l’agriculture ou l’élevage de bestiaux, souvent destinés à la consommation nord-américaine. Ce phénomène est particulièrement criant au Brésil, où la forêt tropicale perd toujours plus de terrain face à l’élevage intensif de bovins et à la production de biocarburants à partir de la canne à sucre.

Pour les milliers d’urbains de la planète, la déforestation est une réalité lointaine, mésestimée. Les conséquences de cette pratique sur le climat, la biodiversité et la qualité de vie des paysans touchés sont davantage méconnues. Pourtant, on estime que l’abattage des arbres et l’amenuisement des écosystèmes forestiers mondiaux libèrent autant de GES que les secteurs aérien, ferroviaire, routier et maritime réunis. Devant l’ampleur de la catastrophe, les pays du monde se sont rencontrés à Bali en 2007, afin d’entériner le programme Réduction des émissions résultant de la déforestation et de la dégradation (REDD). Le but ultime de cette entreprise ; réduire de 50 % la déforestation ravageant les pays pauvres d’ici 2020, jusqu’à l’enrayer complètement en 2030 ! Utopique ? Probablement.

Selon l’ONU, même en appliquant REDD, «nous pouvons nous attendre à ce que la conversion de la forêt en terres agricoles se poursuive. Mais cela doit se faire de façon mesurée, stratégique et durable».

Mais, pour que les résultats soient probants, des investissements majeurs sont inévitables, fondamentaux. Car la tâche n’est pas simple ; convaincre les pays pauvres de se détourner d’une ressource lucrative afin de préserver le climat et la biodiversité. Il faut également compenser ces pertes économiques… La solution ; des crédits de carbone ? Est-ce que cela sera suffisant ?

Et, plusieurs autres zones d’ombre persisteront, face à l’échec des discussions à Copenhague. Comment éviter le détournement du financement et des crédits de carbone par la corruption ? Comment encadrer adéquatement le prélèvement d’arbres lorsque nécessaire ? Comment contrôler les braconniers ?

« La destruction des forêts va se poursuivre, les droits des peuples dépendant des forêts ne seront pas protégés et les espèces en danger vont continuer sur le chemin de l'extinction », déplore un participant aux discussions du REDD à Copenhague. Et tout ça, couplé aux impacts imprévisibles des changements climatiques, dans des contextes sociaux de plus en plus fragilisés par l’instabilité environnementale.

Curieusement, les fonds ne manquent jamais pour les guerres, la conquête, la dispute des ressources gazières et pétrolières, l’exploitation des ressources minières ou forestières. Mais lorsqu’il est question de conservation et de préservation de la biodiversité, il en est toujours autrement. Et, quand est-il du droit inaliénable, pour tout être humain, de jouir d’un environnement sain et d’un accès illimité aux ressources essentielles à la vie (eau potable, air non-pollué, sols non contaminés, etc) ? Rien.


À lire également ;

Marlowe Hood, Protéger la nature est rentable financièrement, Agence France-Presse, 13 novembre 2009 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/200911/13/01-921349-proteger-la-nature-est-rentable-financierement.php

Agence France-Presse, Les grands pays forestiers s'unissent contre la déforestation, La Presse, 22 décembre 2009 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/200912/22/01-933369-les-grands-pays-forestiers-sunissent-contre-la-deforestation.php

Agence France-Presse, La crise du climat cache celle de la biodiversité, Le Devoir, 28 décembre 2009 ; http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/280137/la-crise-du-climat-cache-celle-de-la-biodiversite

Yana Marull, L’Amazonie exploitée de façon durable, Agence France-Presse, 2 décembre 2009 ; http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/200912/02/01-927087-lamazonie-exploitee-de-facon-durable.php

Tim Hirsch, L’incroyable recul de la forêt tropicale amazonienne ; mais le rythme des pertes s’accélère-t-il ou décline t-il ?, L’État de la planète et le Worldwatch Institute; http://www.delaplanete.org/L-incroyable-recul-de-la-foret.html


M.
(Source ; Éric Moreault, L’arbre qui cache la forêt dévastée, Le Soleil, 11 janvier 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/environnement/201001/10/01-937800-larbre-qui-cache-la-foret-devastee.php)

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