vendredi 22 janvier 2010

Salon de l’automobile ; les concessionnaires attaquent le nouveau règlement québécois sur le contrôle des émissions de gaz à effet de serre (GES)

Extrait de l’article très étoffé de Louis-Gilles Francoeur concernant la grogne qui entoure le nouveau règlement québécois sur le contrôle des émissions de gaz à effet de serre (GES) du parc automobile ;

Certains constructeurs automobiles ainsi que les concessionnaires québécois ont profité de l'ouverture du Salon de l'automobile de Montréal pour attaquer le nouveau règlement québécois sur le contrôle des émissions de gaz à effet de serre (GES) du parc automobile. Baroud d'honneur ou guerre ouverte en perspective? Pour l'heure, le gouvernement québécois n'a aucune intention de reculer.

[…]
Les arguments des concessionnaires

La Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ) a invoqué trois arguments contre le règlement québécois et une conclusion principale
: la santé financière et les profits des concessionnaires sont menacés ainsi que les 35 000 emplois directs et indirects qui en dépendent. On se serait cru jeudi devant un cataclysme financier aussi important que l'effondrement de GM et de Chrysler l'an dernier.

Trois arguments ont été invoqués. Si les constructeurs et les concessionnaires doivent abaisser les émissions «moyennes» de leurs ventes annuelles en vertu du règlement, ils devront donc éliminer les modèles les plus énergivores, ce qui incitera des consommateurs à les acheter en Ontario ou aux États-Unis. Ils ont aussi soutenu n'avoir pas été consultés par Québec et ont répété à satiété que le règlement québécois était «plus sévère» que celui de la Californie, comme l'a affirmé au Devoir le président de la CCAQ, Me Jacques Béchard.

Les faits parlent cependant d'eux-mêmes. Québec a annoncé son intention d'appliquer ici le règlement californien dans son plan de lutte contre les changements climatiques de 2006. À Bali, l'année suivante, la ministre Beauchamp annonçait l'entrée en vigueur du règlement quand celui de la Californie aurait force de loi. Et, au début de 2008, Québec a prépublié dans la Gazette officielle pour fins de consultation son projet de règlement. Les constructeurs et les concessionnaires ont officiellement déposé un mémoire en réaction au projet.

«Nous avons retenu plusieurs de leurs commentaires, mais nous n'avons pas fait droit à leur argument principal, soit qu'il n'appartient pas aux provinces de réglementer ce domaine et que des normes nationales ou continentales suffisent», expliquait hier le directeur du Bureau québécois sur les changements climatiques, Marcel Gaucher.

Ce dernier ainsi que la ministre nient que le règlement québécois soit plus sévère que celui de la Californie. Québec a même mis de côté, révèle Line Beauchamp, la façon dont Ottawa voulait calculer les émissions pour mieux coller au règlement californien. Et les deux porte-parole de l'Environnement nient sans ambiguïté que la catégorie des véhicules légers englobe au Québec les SUV, contrairement à ce que ferait la Californie.

La confusion, explique Line Beauchamp, vient sans doute du fait que l'EPA envisage effectivement certains allégements dans la version fédérale du même règlement. Mais si la Californie et ses 14 alliés, dont la plupart des États voisins du Québec en Nouvelle-Angleterre, ont accepté de donner le choix aux constructeurs d'appliquer le règlement fédéral ou le leur, c'est à la condition que les normes étasuniennes rejoignent leurs exigences. Ils se sont réservés le droit d'imposer leurs propres normes si celles de Washington sont trop laxistes. Québec suivra le dossier de près mais, d'entrée de jeu, on se dit «partenaire» des 15 États en question, qui représentent 40 % du marché de l'automobile aux États-Unis.
Reste l'argument des gens qui iraient acheter leurs gros 4x4 aux États-Unis ou en Ontario si les concessionnaires d'ici sont obligés de retirer certains modèles du marché ou d'en vendre moins pour améliorer leurs émissions «moyennes».

Marcel Gaucher explique que le phénomène sera marginal et que, s'il devait prendre de l'ampleur, il serait facile à contrôler par l'enregistrement des véhicules. Un de ces moyens pourrait bien être le système de malus-bonus que prépare l'Agence québécoise d'efficacité énergétique en consultation avec plusieurs ministères. Ce système impose une surtaxe ou une détaxe proportionnelle aux émissions des véhicules. Il pourrait même frapper plus durement par le malus ceux qui achètent de gros véhicules hors du Québec.

Mais, de toute façon, indique Marcel Gaucher, les règles californiennes ou canadiennes qui vont s'en inspirer vont s'appliquer dans les provinces et États voisins du Québec.

Lire absolument la suite ;


Louis-Gilles Francoeur, Règlement sur les normes californiennes - Québec ne fera pas machine arrière, Le Devoir, 16 janvier 2010 ; http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/281215/reglement-sur-les-normes-californiennes-quebec-ne-fera-pas-machine-arriere

M.

jeudi 21 janvier 2010

Les logos et certifications écologiques au Québec ; aucun encadrement législatif


Force est de constater que le marketing vert est à la mode, en hausse fulgurante et ahurissante, suscitant scepticisme et confusion chez les consommateurs. Les slogans et les logos maisons pullulent, sans aucune assurance de la crédibilité de ces certifications officieuses et douteuses. Deux chercheurs et professeurs à la faculté d’administration de l’Université de Sherbrooke, Fabien Durif et Caroline Boivin, se sont intéressés précisément à cette situation chaotique, dans une étude à paraître.

Leur base de données, répertoriant près de 1205 produits nettoyant répartis en 133 marques, est constituée de tous les produits nettoyants, comprenant les détergents tout usage, à lessive, les assouplisseurs et les savons à vaisselle, vendus par 32 détaillants québécois. Bien que l’analyse statistique soit encore préliminaire, les chercheurs ont dressé un portrait plutôt confus de la situation du marketing vert au Québec. (Les résultats doivent également être corroborés par des pairs.)

Des logos qui portent à confusion

Les chercheurs ont ainsi recensé près de 58 labels différents, arborant diverses images se rapportant à la nature ; feuille, fleur, animaux, etc. Pis encore, des slogans maisons, des allégations sans logo officiel, des références à des critères arbitraires font office de certification écologique dans bien des cas.

Aucun encadrement législatif


«Il y a un manque de compréhension, une confusion et une méfiance à l'égard des écolabels, a déploré M. Durif lors d'un entretien téléphonique au Soleil. [...] Il y a des pays qui limitent le nombre de labels officiels. Je ne suis pas spécialiste en droit, mais on a fait quelques recherches et il n'y a pas d'encadrement législatif ici. Une marque peut s'autodéclarer verte, peut mettre des slogans et des logos verts maison : il n'y a pas d'interdiction spécifique. Il y a une liberté totale là-dessus. »

«L'encadrement législatif, cela permettrait de distinguer les compagnies qui ont une vraie culture verte de celles qui instrumentalisent l'argument vert pour augmenter leurs ventes. À l'heure actuelle, les entreprises qui sont vraiment performantes au niveau vert n'arrivent pas vraiment à se distinguer, à le faire savoir», plaide-t-il.

Une certitude dans tout ça ?

Dans la mer de certifications bidons et de logos maisons qui submergent les tablettes des commerces, seuls quelques certifications, officielles et crédible, éclairent réellement les consommateurs soucieux de l’environnement. Les labels EcoLogo, Environmental Choice Programm et Design for the Environment figurent parmi ceux-là, ayant été créés par des agences gouvernementales et faisant l’objet de suivis et de vérifications. À rechercher, donc.

M.
Source ; Jean-François Cliche, Logos écologiques; le Far West vert, Le Soleil, 18 janvier 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/environnement/201001/17/01-940105-logos-ecologiques-le-far-west-vert.php

mercredi 20 janvier 2010

GES ; Les automobilistes et les sables bitumineux sur la sellette

La performance déplorable du Canada, en ce qui à trait à ces émissions de GES, ne serait pas seulement attribuable aux sables bitumineux sur le territoire albertain. Les automobilistes détiendraient également une importante part de responsabilité dans cette situation, affirme le Conference Board du Canada.

Preuve en est ; les émissions du secteur des transports ont compté pour 18 % des GES canadiens en 2007, contre 5% pour l’industrie des sables bitumineux, selon ce groupe de réflexion privé. Ainsi, les auteurs du rapport soulignent l’apport non négligeable des consommateurs d’énergie, que sont les citoyens canadiens, au chapitre des rejets atmosphériques de GES du Canada. Ils ajoutent néanmoins que les émissions de GES des sables bitumineux progresseront en réponse au doublement de la production d’ici 10 ans.

Dans ces circonstances, les politiciens en place devront ajuster leurs politiques climatiques pour encadrer efficacement les hausses prévues de GES. Cela tient à de meilleures évaluations des impacts et des émissions projetées tout au long du cycle de vie d’un baril de pétrole, de son extraction à sa combustion dans les véhicules.

«La part (des émissions de GES) liée à la production s'établit habituellement à entre 20 et 35%, tout au plus, sur l'ensemble des émissions attribuables à un gallon d'essence consommé, et le reste est imputable au véhicule, a fait valoir M. Coad, directeur des Politiques de l'énergie, de l'environnement et du transport du Conference Board du Canada et coauteur du rapport. Alors concentrons nos efforts sur les deux, pas seulement sur un

Des groupes écologistes prêchent également pour une action concertée, misant sur toutes les sources d’émissions de GES. Incluant les sables bitumineux.

«Nous avons besoin de politiques de réduction des émission des gaz à effet de serre significatives qui s'appliquent à tous les pollueurs, sans entente spéciale pour les (exploiteurs) de sables bitumineux. La plupart des personnes qui veulent s'attaquer aux gaz à effet de serre ne cherchent pas à montrer du doigt les sables bitumineux. Elles ne demandent qu'aux (exploiteurs de) sables bitumineux de faire leur juste part, et cela n'est actuellement pas le cas», a expliqué M. Simon Dyer, directeur du programme sur les sables bitumineux du groupe de réflexion environnemental Pembina Institute.

Et l’écologiste rappelle que les sables bitumineux contribuent à la pollution chimique de l’environnement, en raison des immenses bassins de rétention des eaux usées toxiques. Toutefois, ce point ne figure pas dans le rapport du Conference Board.

Voilà un autre rapport qui met en relief l'importance des citoyens dans la rencontre des objectifs internationaux et nationaux de lutte aux changements climatiques. Il s'agit donc d'un effort collectif, et non uniquement industriel.

M.

Source ; Lauren Krugel, GES ; les automobilistes sont aussi à blâmer, La Presse Canadienne, 13 janvier 2010 ; http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/energie-et-ressources/201001/13/01-938646-ges-les-automobilistes-sont-aussi-a-blamer.php

dimanche 17 janvier 2010

Copenhague : un échec cuisant pour la déforestation mondiale…


Finalement, la conclusion bidon des pourparlers climatiques à la conférence de Copenhague aura occulté un autre échec majeur ; l’incapacité de provoquer l’émergence d’un accord contraignant pour endiguer la déforestation planétaire.

En plus des inestimables services écologiques des écosystèmes forestiers (purification de l’air, de l’eau, production de nutriments, etc.) et de leur incroyable biodiversité, les forêts participent au cycle complexe du carbone. Ainsi, la déforestation concoure à la remise en circulation et à l’émission de près de 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).

Or, la déforestation est également une activité vitale pour la survie de centaines de milliers de personnes, brûlant les arbres pour la production de charbon, l’agriculture ou l’élevage de bestiaux, souvent destinés à la consommation nord-américaine. Ce phénomène est particulièrement criant au Brésil, où la forêt tropicale perd toujours plus de terrain face à l’élevage intensif de bovins et à la production de biocarburants à partir de la canne à sucre.

Pour les milliers d’urbains de la planète, la déforestation est une réalité lointaine, mésestimée. Les conséquences de cette pratique sur le climat, la biodiversité et la qualité de vie des paysans touchés sont davantage méconnues. Pourtant, on estime que l’abattage des arbres et l’amenuisement des écosystèmes forestiers mondiaux libèrent autant de GES que les secteurs aérien, ferroviaire, routier et maritime réunis. Devant l’ampleur de la catastrophe, les pays du monde se sont rencontrés à Bali en 2007, afin d’entériner le programme Réduction des émissions résultant de la déforestation et de la dégradation (REDD). Le but ultime de cette entreprise ; réduire de 50 % la déforestation ravageant les pays pauvres d’ici 2020, jusqu’à l’enrayer complètement en 2030 ! Utopique ? Probablement.

Selon l’ONU, même en appliquant REDD, «nous pouvons nous attendre à ce que la conversion de la forêt en terres agricoles se poursuive. Mais cela doit se faire de façon mesurée, stratégique et durable».

Mais, pour que les résultats soient probants, des investissements majeurs sont inévitables, fondamentaux. Car la tâche n’est pas simple ; convaincre les pays pauvres de se détourner d’une ressource lucrative afin de préserver le climat et la biodiversité. Il faut également compenser ces pertes économiques… La solution ; des crédits de carbone ? Est-ce que cela sera suffisant ?

Et, plusieurs autres zones d’ombre persisteront, face à l’échec des discussions à Copenhague. Comment éviter le détournement du financement et des crédits de carbone par la corruption ? Comment encadrer adéquatement le prélèvement d’arbres lorsque nécessaire ? Comment contrôler les braconniers ?

« La destruction des forêts va se poursuivre, les droits des peuples dépendant des forêts ne seront pas protégés et les espèces en danger vont continuer sur le chemin de l'extinction », déplore un participant aux discussions du REDD à Copenhague. Et tout ça, couplé aux impacts imprévisibles des changements climatiques, dans des contextes sociaux de plus en plus fragilisés par l’instabilité environnementale.

Curieusement, les fonds ne manquent jamais pour les guerres, la conquête, la dispute des ressources gazières et pétrolières, l’exploitation des ressources minières ou forestières. Mais lorsqu’il est question de conservation et de préservation de la biodiversité, il en est toujours autrement. Et, quand est-il du droit inaliénable, pour tout être humain, de jouir d’un environnement sain et d’un accès illimité aux ressources essentielles à la vie (eau potable, air non-pollué, sols non contaminés, etc) ? Rien.


À lire également ;

Marlowe Hood, Protéger la nature est rentable financièrement, Agence France-Presse, 13 novembre 2009 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/200911/13/01-921349-proteger-la-nature-est-rentable-financierement.php

Agence France-Presse, Les grands pays forestiers s'unissent contre la déforestation, La Presse, 22 décembre 2009 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/200912/22/01-933369-les-grands-pays-forestiers-sunissent-contre-la-deforestation.php

Agence France-Presse, La crise du climat cache celle de la biodiversité, Le Devoir, 28 décembre 2009 ; http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/280137/la-crise-du-climat-cache-celle-de-la-biodiversite

Yana Marull, L’Amazonie exploitée de façon durable, Agence France-Presse, 2 décembre 2009 ; http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/200912/02/01-927087-lamazonie-exploitee-de-facon-durable.php

Tim Hirsch, L’incroyable recul de la forêt tropicale amazonienne ; mais le rythme des pertes s’accélère-t-il ou décline t-il ?, L’État de la planète et le Worldwatch Institute; http://www.delaplanete.org/L-incroyable-recul-de-la-foret.html


M.
(Source ; Éric Moreault, L’arbre qui cache la forêt dévastée, Le Soleil, 11 janvier 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/environnement/201001/10/01-937800-larbre-qui-cache-la-foret-devastee.php)