samedi 19 décembre 2009

Copenhague ; Une entente édulcorée voir le jour


Une entente édulcorée est survenue, à l’arrachée, hier à Copenhague. Rassemblés en réunion extraordinaire, cinq heures après la clôture officielle de la conférence climatique, les États-Unis, la Chine, l'Inde et le Brésil ont finalement acquiescé à un accord de principe réitérant leur engagement à lutter contre les émissions de GES et les changements climatiques, dans le but de juguler la hausse des températures mondiales à 2 degrés Celsius. Ainsi, l’accord prévoit un plafonnement «le plus tôt possible» des émissions de GES anthropiques. Des fonds pour venir en aide aux pays en développement seront également débloqués.

Or, aucune date ni aucun objectif chiffré ne figure dans cet accord, n’ayant aucune valeur légale. Un échec certain de l’avis de certains, un moindre mal pour d’autres. Les pays ratifiant cette entente édulcorée devront donc dévoilés leurs cibles chiffrées et écrites de réduction, afin de les inclure en annexe dans le document d’entente.

Néanmoins, cette entente doit rencontrer l’aval des 193 autres pays, chose acquise pour plusieurs, mais incertaine pour d’autres, compte tenu des tensions majeures qui persistent entre les pays en développement, les pays industrialisés et les petits pays insulaires. En fait, hier soir, les pays en développement attendaient étaient impatients de se retrouver en plénière, pour discuter d’un éventuel blocus contre l’entente, menaçant grandement les gains minimes de « l’Accord de Copenhague ». Cuba et la Bolivie refusent d’ailleurs l’accord. Il faudra maintenant attendre l’issu de cette plénière, qui devrait durer plusieurs heures.

Et les pays en développement se sentent trahis par les pays émergents, ayant négocié aux côtés des pays développés, tandis que l’Europe a accepté l’entente, à contrecœur.

Le président américain, Barack Obama, négociateur important de cette entente, affirme qu’elle est «insuffisante». Il s’agit plutôt d’une première étape, en vue des conférences climatiques de Bonn (dans les six prochains mois) et de Mexico (en novembre prochain), visant l’adoption d’un traité international réellement contraignant.

«C'est une première étape, a renchéri M. Obama. La science nous enseigne que beaucoup plus doit être fait.»

L’opposition est donc très vive. Le délégué soudanais Lumumba Stanislas Dia-Ping a déclaré que cet accord pouvait être qualifié de «pire de l'histoire». Renchérissant d’une même voix, les groupes écologistes ont manifesté leur grogne de voir naître une entente aussi faible, sans objectif chiffré, ni caractère contraignant et ambitieux. Selon Les Amis de la terre, l’accord est un «échec abject».

«Les négociateurs doivent retourner à la table et accoucher d'une véritable entente pour les gens et la planète d'ici la fin juin», ajoute Graham Saul, directeur général du Réseau action climat Canada, organisme parapluie des groupes environnementaux du pays.

«Ils disent qu'ils ont fait le travail, mais ce n'est pas vrai», expliquait Kim Carstensen, leader du WWF.

«Un échec historique pour les efforts consentis en vue d'obtenir un traité légalement contraignant capable d'arrêter le réchauffement mondial», précisait Ricken Patel au nom de Climate Justice.
Finalement, une entente pour sauver la planète ou la face des dirigeants ?

Pour connaître tous les détails ;

François Cardinal, Une entente au rabais à Copenhague, CyberPresse, 18 décembre 2009 ; http://www.cyberpresse.ca/dossiers/conference-de-copenhague/200912/18/01-932434-une-entente-au-rabais-a-copenhague.php

Louis-Gilles Francoeur, Entente timide pour sauver la mise, Le Devoir, 19 décembre 2009 ; http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/279800/entente-timide-pour-sauver-la-mise


M.

2 commentaires:

Valérie a dit…

La première chose qui m'est venue en tête en apprenant l'issue de cette rencontre, c'est qu'encore une fois, on préfère guérir plutôt que prévenir. Aucun objectif n'est défini, mais on prévoit toutefois un montant d'argent précis pour compenser les conséquences des changements climatiques.

Pour moi aussi, c'est clairement un échec. :(

M. a dit…

Je suis tout à fait d'accord, malgré le fait que mon cynisme a pris le dessus dès le début de cette conférence.

Voyons, comment faire confiance à des dirigeants qui laissent l'Afrique s'embourber depuis des décennies, qui consacrent davantage d'argent à l'armement qu'aux droits humains à un environnement sain et à de la nourriture, qui préfèrent braver la nature, l'exploiter sauvagement, plutôt que sauvegarder ses services écologiques et la biodiversité...

Enfin, meilleure chance la prochaine fois, humanité ...