jeudi 14 janvier 2010

L’hydroélectricité ne sera pas reconnue comme une énergie verte par le Congrès américain !


Les efforts du gouvernement Charest dans son entreprise de faire rayonner Hydro-Québec sur la scène américaine des énergies vertes et renouvelables rencontrent un obstacle de taille ; le Congrès américain ne reconnaîtra pas l’hydroélectricité, découlant des réservoirs d’eau de barrages majeurs, comme une énergie propre, renouvelable et verte. Ainsi, même si cette filière émet peu de GES, elle ne sera pas considérée comme une énergie renouvelable, comme le sont l'énergie éolienne, l’énergie solaire ou le géothermique.

Déjà, certains analystes prévoient que la demande états-unienne pour l’énergie produite au Québec sera nettement inférieure aux pronostics établis par le gouvernement Charest.

«Hydro-Québec risque d'avoir plus de difficulté à augmenter ses exportations aux États-unis», affirme dit Joseph Doucet, spécialiste en énergie de l'Université de l'Alberta.

Un écueil important, donc, pour la société d’État, dont la stratégie financière des prochaines années est substantiellement basée sur la possibilité d’écouler des surplus énergétiques sur le territoire américain. Preuve en est ; l'offre d'achat d'Énergie Nouveau-Brunswick, possédant des interconnexions avec la Nouvelle-Angleterre.

Néanmoins, rappelons qu’en vertu de l’exportation de ces prétendus surplus énergétiques, supposés rapporter la manne, Hydro-Québec a d’ores et déjà irréversiblement entamé, voire même complété, plusieurs projets controversés ; dérivation de la rivière Rupert, harnachement de la Romaine, projets Petite-Mécatina et Magpie, achat d’Hydro Nouveau-Brunswick et autres. Se targuant de figurer parmi les chefs de file en matière de lutte aux changements climatiques, la société d’État désire voir grand en misant sur des projets hydroélectriques d’envergure, au détriment cependant de nouvelles filières énergétiques, hautement prometteuses et déjà largement développées au niveau international ; l’éolien, le solaire, la géothermie, l’efficacité énergétique, etc.

Ce n’est pas que l’hydroélectricité soit tout à fait insoutenable d’un point de vue environnemental. Néanmoins, les technologies énergétiques ont grandement évoluées, faisant émerger du même coup des filières beaucoup plus respectueuses des écosystèmes et des communautés humaines, en plus d’afficher un coût de production inférieur à l’hydroélectricité. Dans un contexte mondial d’instabilité climatique, de raréfaction des réserves en eau et de déclin effréné de la biodiversité, le Québec doit développer de nouvelles alternatives à la conventionnelle hydroélectricité à grands réservoirs, au harnachement des dernières rivières sauvages et à l’inondation de terres forestières.


Les nouvelles avenues énergétiques

L’efficacité énergétique figure en tête du palmarès des filières écoresponsables, favorisant la revente des surplus énergétiques puisés à même une gestion rigoureuse de la consommation d’énergie (bâtiments, électroménagers, etc.) et de l’économie de la ressource. Profits engrangés ; 100 %. (Pays favorisant l'efficacité énergétique ; France, Allemagne, Islande, etc.)

L’énergie éolienne est abondante, bon marché, inépuisable, disponible presque partout, propre et sans impact négatif sur le climat. Aucune autre source d’énergie ne possède toutes ces qualités (Brown, 2006). L’Europe l’a bien compris, développant désormais des champs d’éoliennes au large des côtes. (Pays favorisant l’éolien; Allemagne, Danemark, Espagne, Royaume-Uni, Chine, etc.)

Le rayonnement solaire, également ubiquiste et inépuisable, peut être transformé en énergie grâce aux panneaux solaires, technologie qui tend à devenir hautement performante. À ce sujet, le Japon, leader de l’électricité photovoltaïque, a commercialisé un matériel solaire permettant de réaliser directement des toitures. Ainsi, les technologies nécessaires à la conversion d’énergie solaire en électricité et en chauffage sont maintenant bien maîtrisées (Brown, 2006). (Pays favorisant le solaire ; Chine, Espagne, Allemagne, Etats-Unis, Chypre, etc.)

Quant à la géothermie, elle mise directement sur la radioactivité naturelle de la Terre, qui est elle-même une source de chaleur. L’énergie géothermique est donc inépuisable. C’est non seulement une source idéale qui fournit une puissance minimale continue, mais c’est aussi une source intéressante d’un point de vue environnemental (Brown, 2006). (Pays favorisant la géothermie ; Islande, France, Italie, Mexique, Japon, etc.)


Ainsi donc, dans un contexte mondial de raréfaction des ressources en eau et d'incertitude concernant les impacts des changements climatiques sur la dynamique des écosystèmes aquatiques, il est grand temps pour le Québec de délaisser l'obsolète hydroélectricité au profit de technologies énergétiques modernes, pour enfin préserver et conserver les dernières grandes rivières vierges, véritables joyaux naturels d'une valeur dépassant largement tous les kilowatts du monde.


Pour en connaître davantage sur les nouvelles technologies énergétiques ;

  • Initiative de Fondation Rivières et Nature Québec ; http://www.avecenergie.org/
  • Lester R. Brown, Le plan B ; pour un pacte écologique mondial, Éditions Hachette Littératures, 2006, 501 p.


Pour en connaître davantage sur l'état des cours d'eau du Québec et la gestion des ressources en eau ;


M.
(Sources ;
François Normand, Québec perd la bataille de la reconnaissance de l'hydroélectricité, Les Affaires, 9 janvier 2010 ; http://www.lesaffaires.com/secteurs-d-activite/energie/le-quebec-perd-la-bataille-de-la-reconnaissance-de-l-hydroelectricite/508393)

Lester R. Brown, Le plan B ; pour un pacte écologique mondial, Éditions Hachette Littératures, 2006, 501 p. )

Aucun commentaire: