mardi 12 janvier 2010

Climat ; les coupures fédérales provoque l’exode des cerveaux canadiens


Ottawa refuse de confirmer l’octroi de subventions substantielles à la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère (FCSCA). Cette instabilité financière sème la consternation et l’insatisfaction chez les scientifiques climatiques du pays. Ainsi, cette apparente fermeture projetée provoque un exode marqué des cerveaux ; près d’une vingtaine de chercheurs canadiens ont déjà quitté le pays ou sont sur le point de le faire, lorgnant les offres alléchantes d’universités étrangères.

«La fermeture possible de la Fondation est certainement l'une des raisons qui m'ont incitée à déménager en Australie, a expliqué Katrin Juliane Meissner, chercheuse estimée dans le domaine climatique. L'idéologie irresponsable et à courte vue du gouvernement conservateur a aussi pesé dans la balance

Le manque criant de financement est tel que la dernière enveloppe budgétaire, au montant de 50 millions, a été attribuée en 2004 par le gouvernement de Paul Martin. Elle s’ajoutait alors au fond de 60 millions octroyés par Jean Chrétien en 2000, lors la création de la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère (FCSCA). Depuis, Ottawa n’a que prolongé le mandat de l’organisme pancanadien jusqu’en mars 2012, sans argent supplémentaire. Les conservateurs justifient cette décision en raison de l’échéance, qui n’est pas encore atteinte.

«Il reste donc encore un an et trois mois à l'entente, poursuit Frédéric Baril, porte-parole du ministre de l’Environnement, Jim Prentice. Comme nous l'avons dit tout au long de la dernière année, lorsque le même enjeu avec la même Fondation a été soulevé dans plusieurs médias à travers le pays, nous ne spéculerons pas sur des ententes qui ne sont pas à leur échéance. Maintenant, nous travaillons à planifier l'avenir, et l'entente avec la Fondation est présentement revue par notre ministère. C'est une procédure normale et nous devrions prendre une décision sous peu.»

Étrangement donc, les conservateurs ont repoussé l’échéance du mandat de la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère (FCSCA), tout en rétorquant à leurs détracteurs que c’est pour cette raison que les fonds sont suspendus… ?

Les scientifiques canadiens sont également très critiques en ce qui concerne l’attitude du gouvernement Harper envers la recherche scientifique. Plusieurs croient que ce dernier mésestime l’importance des travaux scientifiques, principalement dans le domaine climatique, sujet environnemental hautement brûlant pour les conservateurs.

«Les sociétés progressistes partout dans le monde s'appuient sur la science pour prendre des décisions, mais le gouvernement Harper, lui, voit plutôt la science comme un désagrément», lance Andrew Weaver, titulaire de la chaire de recherche du Canada en modélisation et en analyse climatique, rattachée à l'Université de Victoria.

L’opposition officielle n’est pas plus tendre envers les conservateurs, accusés d’être rétrogrades, en plus de pratiquer une certaine forme de censure.

«Les conservateurs ont une doctrine, que les changements climatiques, c'est de la foutaise, alors la dernière chose qu'ils vont faire, c'est financer des chercheurs pour prouver le contraire», a souligné le chef adjoint du NPD, Thomas Mulcair, ajoutant que les conservateurs font reculer le Canada «à l'époque de Galilée», époque où les scientifiques étaient fortement censurés.

Encore une autre illustration de la pensée conservatrice, axée sur l'ostracisme de la science. Une tentative vicieuse d'occulter des faits en faveur de la théorie des changements climatiques, qui pourraient supposer une modification drastique des politiques climatiques conservatrices et mettrent les politiciens dans l'eau chaude... Sommes-nous, au Canada, à l'ère du dessin intelligent et du bûcher pour les scientifiques qui osent découdre les arguments étroits et faibles du pouvoir en place ? Inquiétant.


La recherche québécoise en projection climatique est remise en question

L’incertitude qui plane sur la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère (FCSCA) menace également le Centre pour l'étude et la simulation du climat à l'échelle régionale (ESCER) de l'UQAM, unique groupe québécois de recherche universitaire en matière de projections climatiques. C’est que l’ESCER est financé à 75% par le gouvernement fédéral et le gouvernement Charest se dit incapable de prendre en charge le financement de ce groupe de recherche, prétextant que les fonds manquent.


Pour connaître tous les détails ;

François Cardinal, Des chercheurs songent à partir, La Presse, 11 janvier 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/201001/11/01-937875-des-chercheurs-songent-a-partir.php

Malorie Beauchemin, Les conservateurs sommés de mieux financer la recherche en environnement, La Presse, 12 janvier 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/politique-verte/201001/12/01-938224-les-conservateurs-sommes-de-mieux-financer-la-recherche-en-environnement.php

François Cardinal, La survie du seul groupe québécois de recherche sur le climat menacée, La Presse, 11 janvier 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/201001/11/01-937871-la-survie-du-seul-groupe-quebecois-de-recherche-sur-le-climat-menacee.php

François Cardinal, Les cerveaux du climat désertent le Canada, La Presse, 10 janvier 2010 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/201001/10/01-937798-les-cerveaux-du-climat-desertent-le-canada.php

Louis-Gilles Francoeur, Exode de cerveaux en environnement - Ottawa échoue dans sa tentative de rassurer les chercheurs, Le Devoir, 12 janvier 2010 ; http://www.ledevoir.com/environnement/climat/280918/exode-de-cerveaux-en-environnement-ottawa-echoue-dans-sa-tentative-de-rassurer-les-chercheurs



M.

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