vendredi 8 janvier 2010

Shell mettra fin aux activités de sa raffinerie de Montréal-Est


La fameuse raffinerie de la pétrolière Shell, installation mythique dans le paysage de Montréal-est, sera vraisemblablement transformée en un réservoir de carburants et d’essences, mettant ainsi un terme aux activités de raffinage. Selon Jean-Claude Rocheleau, président du syndicat des 500 employés de la raffinerie, cette décision équivaut à une « fermeture ».

«À compter de lundi, tous les projets connexes seront stoppés, a dit M. Rocheleau. Il y a beaucoup d'entrepreneurs qui vont perdre leur emploi. En plus des emplois directs, c'est 2500 emplois indirects qui seront supprimés. Tout ce qui était en route depuis un certain temps sera arrêté afin de transformer la raffinerie en terminal

Selon ce dernier, la situation du secteur pétrochimique au Québec est « précaire », sans compter la féroce compétition américaine pour la création de mégaraffineries qui gruge rapidement la part du marché québécois quant au raffinage des produits pétroliers.

Plusieurs économistes, environnementalistes, politiciens et autres spécialistes des questions énergétiques avaient prédit ce déclin du pétrole. Ce combustible fossile, en plus de contribuer largement aux changements climatiques et à la pollution atmosphérique, semble effectivement s’écouler à un rythme dépassant largement sa régénération. Les prix à la hausse du baril de pétrole, les gisements qui s’épuisent, les fermetures de raffineries, les primes à l’efficacité énergétique, le virage vert et forcé de l’industrie automobile, l’engouement pour les énergies renouvelables ainsi que l’insoutenable coût environnemental de cette industrie hautement polluante (situation décriée par un nombre toujours croissant d’acteurs sociaux) confirment la fin d’une époque.

Malheureusement, des centaines de travailleurs devront faire les frais de cet éventuel virage vers des technologies vertes, pris très tardivement en Amérique du Nord. Les entreprises et les industries axées sur le développement effréné des ressources naturelles (pétrolières, gazières, minières, forestières, etc), d’ores et déjà fort amenuisées, devront impérativement revoir leurs pratiques afin de proposer à leurs travailleurs des alternatives écologiquement et socialement viables à des emplois encore trop basés sur une économie à courte vue.

À trop vouloir protéger ses secteurs primaires, le Québec a-t-il tout misé à tord ? L’exploitation des ressources naturelles n’est-elle pas une solution simpliste à l’essor économique d’un pays ? Peut-être devrions-nous désormais miser davantage sur les ressources humaines, la création de services et d’expertises variées, issues d’une économie basée sur la créativité, l’ingénuité et l’inépuisable matière grise, plutôt que sur l’exploitation insatiable de ressources épuisables et fort peu rentables à long terme ?

Libérons-nous de nos ornières, innovons et devenons les leaders canadiens de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables et réellement vertes. Le Québec a les moyens de ses ambitions. Ne manquons pas le virage planétaire.


Pour connaître tous les détails de cette fermeture ;

Julien Arsenault, Shell va fermer sa raffinerie de Montréal-Est, La Presse canadienne, 7 janvier 2010 ; http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/energie-et-ressources/201001/07/01-937020-shell-va-fermer-sa-raffinerie-de-montreal-est.php


Lire impérativement ;

Thomas Duchaine et Hugo Séguin, Pour un Québec libéré du pétrole d’ici 2030, Équiterre, 25 septembre 2009 ; http://www.equiterre.org/docs/Document_petroleoct13.pdf


Normand Mousseau, Au bout du pétrole, Éditions Multimondes, http://blogue.sciencepresse.qc.ca/physique/item/544


M.

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