mardi 17 novembre 2009

Enfin une bonne nouvelle : le Québec se dote d’une ambitieuse politique québécoise de gestion des matières résiduelles !


Le Québec entend enfin revoir la gestion caduque de ses déchets, en tentant désormais d’améliorer réellement les performances décevantes de la province en matière de recyclage et de compostage, afin de tourner définitivement la page sur la réputation du Québec de trôner partie les plus grands producteurs de déchets au monde.

Grâce à la nouvelle politique québécoise de gestion des matières résiduelles, le Québec se muni d’outils acérés pour interdire complètement l’enfouissement du carton d’ici 2013 et des matières putrescibles d’ici 2020. Le gouvernement Charest désire donc porter son attention davantage sur la quantité de déchets destinés à l’enfouissement, plutôt que de faire dévier l’intérêt sur le recyclage sans revoir la réduction du gaspillage à la source. Pour ce faire, il se fixe des «objectifs quantitatifs intermédiaires» pour 2015 : recycler 70% du papier, du carton, du plastique, du verre et du métal résiduels; traiter 60% de la matière organique putrescible; recycler ou valoriser 70% des résidus de construction et de rénovation.

«Le tout premier objectif de la politique est de ramener la quantité de matières résiduelles éliminées à 700kg, soit le plus faible taux du Québec depuis 1998, a précisé la ministre. Il s'agit certainement d'un objectif ambitieux, car cela signifie une réduction de 110kg par habitant en cinq ans, soit tout près de 14%», affirmait Line Beauchamp, ministre de l’environnement, lors du dévoilement de sa politique.

Ainsi, le Québec souhaite passer de la parole aux actes en se dotant d’un projet de loi et de cinq règlements, en imputant notamment la responsabilité élargie aux fabricants de produits électroniques, la prise en charge financière de la collecte sélective aux entreprises et en encourageant la mise en place de bacs bruns pour la collecte des déchets de table.

En effet, les fabricants de produits électroniques, de piles et d’ampoules seront dans l’obligation de créer des points de chute pour les vieux appareils d’ici deux ans. Cette mesure, très attendue, est d’autant plus pertinente qu’un seul écran cathodique détient jusqu'à 3,6 kg de plomb, métaux lourd toxique actuellement détourné vers l’enfouissement. De plus, la ministre Beauchamp précise que la responsabilité élargie, déjà imposée entre autre à l’industrie de la peinture, a permis de recycler près de 90 % de la peinture usée.

Ensuite, les municipalités, encouragées par des mesures financières provenant de Québec, devront instaurer des services de collecte de déchets de table et autre matière organique (herbe, branchage, feuilles, etc.) dans le but de réduire à néant l’enfouissement des matières putrescibles. Des usines de compostage et de biométhanisation, soit la fermentation de la matière organique sans oxygène, devront également s’inscrire dans le processus global de compostage municipal. D’ailleurs, à ce sujet, six usines sont d’ores et déjà en cours de réalisation dans la seule région métropolitaine. Le financement de ces mesures proviendra de la création d’un programme financier de 650 millions de dollars, étalé sur 5 ans. La moitié de cette somme sera puisée à même les coffres étatiques, tandis que l’autre moitié sera issue des redevances sur les hydrocarbures et les matières résiduelles.

Le gouvernement Charest prévoit également porter le coût de l’enfouissement à 20,17$/tonne, soit près du double de la somme actuelle de 10,67$/tonne. Cette redevance sur l’enfouissement devrait être remboursée aux municipalités, en fonction de leur performance. Ce point, toutefois, doit être précisé. En plus de revoir les frais d’enfouissement, Québec s’attaquera au suremballage des produits de consommation ; les entreprises devront maintenant défrayer l’entièreté des coûts de la collecte sélective ! Finalement, les centre de tri et de récupération, ainsi que les ressourceries se verront octroyer des sommes supplémentaires.

La plupart des intervenants touchés (Communauté métropolitaine de Montréal, Union des municipalités du Québec, Cascades, Fédération québécoise des municipalités) sont généralement satisfaits par les mesures comprises dans la nouvelle politique québécoise de gestion des matières résiduelles. Il faut toutefois mentionner que le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec ont salué l’initiative de la responsabilité élargie des producteurs, mais souligne le manque de mordant des mesures visant la réduction à la source.

Après deux politiques antérieures infructueuses, voilà une nouvelle politique de gestion des matières résiduelles qui suscite l’espoir ! L’application des mesures saura nous renseigner sur la volonté réelle du gouvernement à réduire l’accumulation des déchets recyclables, compostage et réutilisables dans les sites d’enfouissement, mais le ton, cette fois-ci, est encourageant !


À lire également :

François Cardinal, Les fabricants d'ordinateurs seront mis au pas, La Presse, 17 novembre 2009 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/200911/17/01-922326-les-fabricants-dordinateurs-seront-mis-au-pas.php)

François Cardinal, Des réactions positives à la nouvelle politique verte de Québec, La Presse, 17 novembre 2009 ;
http://www.cyberpresse.ca/environnement/200911/17/01-922329-des-reactions-positives-a-la-nouvelle-politique-verte-de-quebec.php

M.

(Source : François Cardinal, Québec interdira l'enfouissement du papier, puis des déchets de table, La Presse, 16 novembre 2009 ; http://www.cyberpresse.ca/environnement/200911/16/01-922108-quebec-interdira-lenfouissement-du-papier-puis-des-dechets-de-table.php)

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